[note moderne au crayon] 011
Messieurs,
Je viens de recevoir un extrait de la décision nouvelle à mon égard que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser. En prenant connaissance du contenu, j’ai vu avec un étonnement pénible que l’arrêté qui vient d’être pris n’est nullement conforme aux conventions qui avaient été établies lorsque, dans une de vos dernières réunions, vous voulûtes bien m’inviter à vous adresser une pétition pour la place vacante de Mr THIRY. Après avoir cherché différens moyens de concertation avec Mr DELHAYE, il fut convenu d’après la proposition de Mr BAUMHAUER, que je passerais la 1ère année à mon prédécesseur 200 fl. des nouveaux appointemens que j’allais recevoir ; ce qui, comme l’observait Mr BAUMHAUER, me ferait encore un avantage de 100 fl. [la 1ère année ?], attendu que mes nouveaux appointemens allaient être de 1500 fl. au lieu de 1200 qu’ils étaient d’abord. J’accédai à cette proposition afin d’aplanir les difficultés et après cet arrangement auquel aucun des membres du bureau ne vit d’opposition à faire, je me retirai. Vous voulûtes bien m’assurer, Messieurs, que Mr BARTHELEMY, qui partait pour La Haye, ferait agréer ces dispositions au Ministère de l’Instruction. Je ne vous rappelle pas les autres détails de cette séance, qui tous concourent à justifier mes assertions et qui doivent encore être présens à votre mémoire.
En voyant aujourd’hui que ma pétition a produit des résultats si différens de ceux que j’étais en droit d’attendre, j’ai dû conclure naturellement que Mr BARTHELEMY qui n’était point présent à la séance dont je viens de parler, a sans doute agi sans connaître la nature de nos conventions et dans la vue de ménager à la Ville une petite économie mesquine que je m’abstiens de qualifier et qui paraît peu en harmonie avec les idées grandes et généreuses que votre honorable collègue professe ordinairement. Je n’examinerai point si elle est conforme à la dignité du [barreau ?]. J’observerai seulement qu’elle jette une étrange confusion dans ce qui concerne mes fonctions. Comme dans cette nouvelle nomination, il n'est point fait mention du Musée ni de mes cours publics, j’avais d’abord été porté à croire que [vous] éleviez spontanément mes appointemens à 1800 fl. mais, réfléchissant ensuite aux réductions successives que vous nous avez fait éprouver depuis quelque tems, j’ai pensé
[page 2] que ces nouveaux arrangemens pouvaient bien en être une nouvelle suite et qu’on voulait peut-être payer ainsi à la fois les cours de l’Athénée et ceux du Musée qui étaient entièrement indépendants les uns des autres. Mais alors, Messieurs, ou vous [dénaturez ?] le traitement des mathématiques transcendantes à mon grand détriment ou vous diminuez le traitement des cours publics du Musée, ce qui serait une récompense bien peu flatteuse pour des travaux qui, je ne crains pas de le dire, ont abîmé ma santé. Dans tous les cas, Mr BARTHELEMY qui paraît avoir fait adopter l’arrêté n’aurait eu aucun égard à nos conventions établies. Si Mr BARTH[ELEMY] a eu en vue de me décourager, ce que je n’ose croire, il y avait parfaitement réussi par de pareilles mesures. Je ne suis pas dans l’habitude de marchander une place. Je ne vous importunerai pas de mes réclamations. Cette lettre sera probablement la dernière que j’aurai l’honneur de vous adresser à ce sujet, parce que j’attends de votre loyauté et de votre dignité une interprétation franche de l’arrêté qui me concerne et qui, je dois l’avouer, ne m’est pas suffisamment clair. Vous savez, Messieurs, que j’ai fait des sacrifices pour rester à Bruxelles, vous savez que j’ai fait plus que n’exigeaient mes fonctions, que cette année j’ai donné deux cours dans l’intérieur de l’Athénée et trois cours publics, l’un sur la physique, l’autre sur l’astronomie et le calcul des probabilités, et le troisième sur le calcul différentiel et intégral. Il m’est pénible de devoir vous rappeler que j’ai donné jusqu’à quatre cours différens en un seul jour et qu’alors j’ai pensé être droit [sic] à être traité avec la même libéralité.
J’attendrai, Messieurs, avec la confiance que j’ai en votre droiture, une réponse à la réclamation que j’ai l’honneur de vous adresser pour savoir le parti que j’aurai à prendre concernant cet arrêté [et ?] mon état ultérieur et je vous prie de croire que c’est avec la plus grande répugnance qu’ayant à traiter pour la 1ère fois avec vous d’affaires d’intérêt qui me sont personnelles, je me trouve dans le cas de réclamer.
Agréez, je vous prie, Mrs , l’ass [sic]