Rapport de Feuillin de Coppin, gouverneur ad interim de la province du Brabant sur les aménagements urbanistiques autour de l’Observatoire

Gouvernement du Brabant
2ème Division
Indicateur Litta 0.1.

À Monsieur le Ministre de l’Intérieur

Bruxelles, le 20 mars 1831

Monsieur le Ministre,

Par lettre du &a

Bien que l’Observatoire soit situé sur un des points les plus élevés de Bruxelles et que dans diverses directions, il jouisse de l’horizon le plus étendu, on ne put se dissimuler, que le nombre toujours croissant de bâtimens qu’on élevait au faubourg de Schaerbeek, pourrait avoir un jour pour conséquence, d’obstruer, vers le nord, la ligne du méridien de l’observatoire, et rendre ainsi impossible la vérification quotidienne de la lunette méridienne, qui est le principal instrument dont se serve l’astronomie ; vérification qui doit s’opérer sur deux points de mire, placés à distance de l’observatoire, vers le sud et vers le nord.

Pour prévenir cet inconvénient, on fit au mois de mars 1828, connaître au Gouvernement qu’il était nécessaire d’acquérir au nord de l’observatoire quelques portions de terrain, pour y construire, dans la direction de la ligne méridienne, une rue qui aboutirait à la mire septentrionale. On demanda à être autorisé à provoquer au besoin, l’expropriation forcée des terrains, sur lesquels on aurait eu le projet d’élever des constructions qui auraient pu gêner les opérations de l’observatoire. Cette proposition ne fut point accueillie par le Ministre : il reconnaissait, il est vrai, l’impossibilité où se trouvait la Régence de Bruxelles de s’opposer aux constructions dont il s’agit, mais il trouvait que l’on pouvait fort bien obvier aux inconvéniens qu’on lui signalait, en faisant arrêter par

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par les administrations locales de Schaerbeek et de St Josse-ten-Noode, en vertu de la surveillance qui leur est attribuée sur les bâtises [sic], des dispositions telles, qu’aucun bâtiment ne pût être élevé, sans une autorisation spéciale, ce qui mettait à même de la refuser, si les constructions projetées devaient gêner l’astronome.
En conséquence de ces arrangemens, la direction de la méridienne fut tracée sur le terrain et ses deux extrémités furent déterminées. La partie de la méridienne qui se dirigeant au nord, fut prolongée jusqu’à la place qui devait être construite au faubourg de Schaerbeek, d’après un plan arrêté par la Commission chargée de la direction des constructions hors de l’enceinte de Bruxelles. On fit l’acquisition d’un morceau de terrain à l’endroit ou devait être construite cette place, afin d’y établir la mire. Cette acquisition eut lieu pour compte du Gouvernement et lui coûta fl. 3 223.27, il est vrai de dire, à propos de l’élévation de cette somme, que le terrain en question, était beaucoup trop étendu pour sa destination, mais que le gouvernement se proposait d’en revendre les parties inutiles, dont la valeur avait tellement augmenté, qu’on pouvait s’attendre à voir le produit de cette vente couvrir le prix auquel la totalité du terrain avait été achetée. Entretemps la Commission précitée fit subir quelques modifications au plan qu’elle avait adopté pour la construction de la place dont j’ai parlé plus haut : il fut décidé qu’elle serait exécutée à une distance plus rapprochée de l’observatoire, ce qui rendit inutile le terrain acquis par le gouvernement.

Le nouveau plan de la Commission arrêtait également la construction d’une rue de quinze mètres de largeur, partant de l’observatoire et aboutissant à la place susdite, en suivant la ligne du méridien.

Le gouvernement donna son approbation à l’exécution de

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de ces travaux. Mais les propriétaires des terrains que la rue projetée devait traverser, réclamèrent des indemnités pour les portions de terrains dont on leur enlevait la disposition par le fait seul de la désignation de l’emplacement de la dite rue, et manifestèrent même l’intention formelle de ne pas suivre les alignements qu’on leur traçait, si le gouvernement ne se décidait promptement.

L’autorité supérieure fut informée de cet incident : elle demanda une évaluation de la dépense qu’occasionnerait l’emprise des terrains dont il s’agissait. Cette évaluation lui fut fournie, et un arrêté du 8 février 1830, autorisa leur acquisition pour la somme de fl. 2 380, en décidant que les terrains achetés en premier lieu, seraient revendus, que le produit de cette vente, serait affecté à payer la nouvelle acquisition et qu’en cas de surplus, celui-ci serait versé au Trésor.

Monsieur HERMAN, notaire et bourgmestre à Schaerbeek, fut chargé de tout ce qui avait rapport à cette opération. Il est à ma connaissance que dès le mois d’août dernier, il était entré en arrangement avec les propriétaires des terrains à reprendre, mais jusqu’ici, j’ignore s’il a terminé entièrement cette affaire.
Je la lui rappellerai, et je m’empresserai de vous faire part du résultat de ses démarches.

Il me reste Monsieur &a

Agréez, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute considération.

Le gouverneur ad interim,
[signé] F. De Coppin

Pour extrait conforme,
Le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur,
[signé] Ph. Doncker
[tampon] Ministère de l’Intérieur [à la devise] L’union fait la force

Date: 
Dimanche, 20 mars, 1831 - 00:00
Écrit par: 
Philippe Doncker, secrétaire général du Ministère de l'Intérieur
Adressé à: 
A. Quetelet
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