Tableau des propriétés rurales

[ceci est la minute de la réponse de Quetelet à la lettre du ministre de l'Intérieur du 7 mars 1831]

À Monsieur le Ministre de l'Intérieur

Monsieur,

Par votre lettre en date du 7 de ce mois (Statistique n° 6), vous avez témoigné le désir de connaître le fonctionnaire de qui je tiens les sept états des propriétés rurales et du revenu imposable que j’ai eu l’honneur de vous communiquer. Ces tableaux ont été présentés effectivement à la Commission provinciale de statistique dont j’étais alors secrétaire, mais non par un fonctionnaire comme vous le supposez. Je les dois à Mr VANDERMAELEN qui, après la destitution de la Commission, a bien voulu me les laisser et me permettre d’en faire usage. Plusieurs anciens membres de la Commission avaient conservé jusque dans les derniers temps le désir de former entre eux une statistique de la province ; je m’occupe dans les instans de loisir forcé que me laissent les travaux suspendus de l’observatoire de donner suite à ce projet. Je viens même de présenter à l’Académie l’ensemble de mes recherches sur la croissance de l’homme aux différens âges, dont une partie avait déjà paru dans les Annales d’hygiène de Paris. Plusieurs personnes viennent de se réunir à moi

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pour m’aider à continuer des recherches pénibles que j’ai commencées depuis longtemps et qui sont toutes relatives à l’homme.

Quelque séduisante du reste que soit cette étude, ce n’est pas sans douleur que je me [trouve] arrêté dans ma carrière astronomique et que depuis plusieurs années je me trouve retenu aux portes de l’observatoire sans voir pour ainsi dire avancer les travaux. L’humidité se met actuellement dans les murs, et il est à craindre qu’on ne doive un jour démolir avant d’avoir achevé de construire.

Vous aviez eu la bonté de me dire que vous vous étiez occupé de faire payer le traitement arriéré des professeurs pour 1830 ; jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu. Peut-être les papiers ont-ils été oubliés à la chambre des comptes ou au Ministère des Finances.

Je vous prie, Monsieur, d’agréer les assurances de la considération la plus distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’[être],

Votre très obéissant serviteur,

[signé] Quetelet

Date: 
Mercredi, 9 mars, 1831 - 00:00
Écrit par: 
E. de Sauvage, ministre de l'Intérieur
Adressé à: 
A. Quetelet
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