Maladie d’Oscar Dutilloeul

À Monsieur Quetelet, directeur de l’Observatoire à Bruxelles
Bruxelles, le 2 mai 1852
Monsieur le Directeur,
La fièvre typhoïde dont mon ami O. DUTILLOEUL est atteint depuis un mois a pris un caractère de gravité tel que sa convalescence, encore assez éloignée pour que le médecin ne puisse en augurer l’époque, sera, d’après son avis, très longue et très difficile, et demandera un repos absolu et un séjour à la campagne. Il sera donc impossible, Monsieur le Directeur, à Mr DUTILLOEUL de reprendre ses travaux à l’Observatoire avant trois mois peut-être de la date de ce jour. Cependant son état de fortune, excessivement restreint, ne pourrait lui permettre de subvenir à des frais d’entretien et aux frais extraordinaires que nécessite le traitement de sa maladie, si le gouvernement devait lui retirer le subside qu’il lui accorde à titre d’indemnités pour faire des études d’observation dans votre établissement.
C’est pourquoi je prends la respectueuse liberté de venir solliciter votre bienveillant appui, afin que vous vouliez bien lui accorder votre aide protectrice auprès de Monsieur le Ministre, et être l’interprète de ma demande auprès de lui. Je ne ferais

qu’exprimer les sentiments de Mr DUTILLOEUL, si en accord d’ailleurs avec les miens propres, en vous disant toute la reconnaissance qu’il gardera pour les bontés que vous n’avez jamais cessé d’avoir pour lui et en général pour tous ceux qui ont eu l’honneur d’être placés sous vos ordres, et que je viens vous prier de bien vouloir lui continuer dans cette triste circonstance.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, les assurances bien sincères de mes sentiments personnels de gratitude et de profond respect.
[signé] N. Beaufort