Comptes de l'Observatoire, acquisition de collimateurs

[À] Mr le Ministre de l’Intérieur
6e compte
Bruxelles le [ ] juin 1854
Monsieur le Ministre,
J'ai l'honneur de vous envoyer les derniers comptes à charge de l'Observatoire qui devront être payés sur l'exercice 1853, savoir :
Compte des Srs NIHOUL frères fr. 448,50
ʺ des Srs ERTEL et fils de Munich 2 080,00
ʺ du Sr HAYEZ, imprimeur 1 547,00
4 075,50

Les travaux extraordinaires qui ont occupé l'Observatoire à la fin de l'année dernière, ont élevé un peu la dépense des instruments au préjudice des impressions. Ces dépenses étaient absolument imprévues ; elles ne dépassent cependant pas la somme qui m'était allouée.

À la suite du congrès maritime, on est convenu de quelques observations sur l'analyse et la constitution de l'air qui ont nécessité l'acquisition d'une certaine quantité de mercure.

D'une autre part, la détermination de la longitude par rapport à l'Observatoire royal d'Angleterre, a fait sentir l'absolue nécessité de l'emploi de collimateurs pour rectifier la lunette méridienne : les instruments ont été commandés en toute hâte aux Srs ERTEL et fils de Munich. Les distances sont cause que j'ai dû me borner à prendre une simple déclaration.

Je pense, Monsieur le Ministre, vous devoir quelques explications au sujet de ces collimateurs.

Quand il fut question de construire l'Observatoire, le gouvernement précédent fit l'acqui-
sition d'un terrain dans le prolongement de celui qui forma plus tard la rue du Méridien. On devait y établir une mire pour la rectification de la lunette méridienne, à l'instar de celle de France. Il n'existait alors absolument aucun édifice au-delà du fossé de ronde de la Ville.
Je m'aperçus, un jour, à ma grande surprise, qu'on commençait à bâtir une maison entre l'Observatoire et le terrain acquis. Cette construction devait rendre la mire projetée absolument inutile ; je m'empressai d'en écrire au gouvernement et d'insister pour qu'il prît des mesures propres à écarter les nouveaux inconvénients de même nature qui pourraient se présenter. On nomma une commission ; on prescrivit des alignements et grâce à cette mesure, l'Observatoire ne devint pas un monument impossible pour l'observation.

Je dois cependant recourir à d'autres moyens pour la rectification de ma lunette méridienne. Il fallut substituer le calcul à l'observation directe et employer des moyens plus longs et moins sûrs. Cet inconvénient est devenu particulièrement sensible au moment où l'Observatoire royal d'Angleterre nous a proposé de déterminer la différence de nos méridiens.

Malgré notre position désavantageuse, l'opération a cependant été conduite et exécutée avec assez de succès, pour que le Directeur royal de Greenwich, dans un rapport qu'il vient d'adresser à la Société royale de Londres, n'hésite pas à proclamer cette opération importante, comme la plus exacte qui ait été faite jusqu'à présent.

Comme l'Observatoire de Bruxelles aura probablement à se rattacher maintenant aux autres observatoires du continent, il était important de nous mettre dans les conditions les plus favorables possibles ; et c'est ce que nous obtiendrons par les collimateurs qui sont d'invention récente et qui remplacent les mires, en permettant de raccourcir les distances. Nous pourrions dans des déterminations ultérieures ne pas être aussi heureux que dans la précédente
et compromettre un premier succès.
Agréez, &a

Date: 
Jeudi, 1 juin, 1854 - 00:00
Écrit par: 
A. Quetelet
Adressé à: 
Ferdinand Piercot, ministre de l'Intérieur
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