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30 juillet 1856
[Rédigé en marge et paraphé « Q » par Quetelet :] Cette pièce n’a pas été adressée au Ministre. Je me suis borné à recommander chaudement le crédit qui a été adopté.
Monsieur le Ministre,
Au moment où l’on s’apprête à discuter le budget de l’Intérieur, permettez-moi de vous soumettre quelques idées de nature à faire comprendre l’organisation d’un établissement, qui peut-être n’est pas assez connu.
Le désir d’être utile m’a fait entreprendre, peut-être au-delà de ce que permettaient mes les forces d’un seul homme, et le gouvernement a augmenté encore la charge qui m’est devenue extrêmement pénible, je l’avoue, après 42 ans de service actif [ajouté en marge :] et après la maladie que je viens de faire.
Voici en effet quels sont ces travaux et je ne crains pas de le dire.
1° La direction de l’observatoire astronomique ;
2° La direction de la physique [surchargeant : la parution des travaux] et de la météorologie de la terre ;
3° La surveillance et la publication [sic] des observatoires météorologiques établis sur les différents points du pays.
Ce travail est immense et je ne crains pas de le dire, il n’existe en Europe aucune charge aussi lourde.
Quels sont cependant les moyens dont on m’a permis d’user : on a mis à ma disposition quatre aides dont le mieux payé reçoit ne reçoit pas même ce qu’on donne au dernier des aides de l’Observatoire de France ou d’Angleterre : 1 500 francs après vingt-quatre ans de service ! Cet aide n’observe pas ; il n’est employé qu’aux calculs qu’il exécute avec toute la précision désirable.
Ne pouvant augmenter son traitement, j’ai dû avoir égard à ses moyens et lui donner en temps ce qu’on ne voulait pas lui accorder en argent. Il ne se trouve à l’Observatoire que pendant une partie de la journée et l’autre partie est consacrée à des travaux que ne pouvait payer l’Observatoire.
Deux autres aides sont chargés des observations. Or, depuis quatre à cinq ans, il m’a été impossible de remplacer M[onsieur] HOUZEAU et de trouver un aide capable qui voulût se charger de ses travaux au moyen de 1 400 francs. Il ne m’est donc resté que M[onsieur] BOUVY, jeune homme dont j’ai fort à me louer depuis vingt ans qu’il se trouve à l’Observatoire ; mais la modicité de son traitement m’a imposé des conditions que
j’ai dû accepter ; il ne vient pendant le jour que de 9 heures à 1 heure, et il observe deux fois par semaine seulement, et pendant trois heures de la soirée.
Je ne parle pas du quatrième aide, chargé de tenir les instruments en bon état et de s’occuper d’affaires purement matérielles.
Je le demande maintenant à tout homme tant soit peu versé dans la science, est-il possible de faire face à des travaux aussi pénibles que ceux qui me sont imposés, avec un aussi faible personnel ? je réponds, sans crainte d’être démenti, que la charge est impossible.
Les travaux astronomiques sont à peu près nuls et la surveillance et la publication des travaux météorologiques des observatoires étrangers [sic] peuvent être considérés comme complétement négligés impossibles.
Dans cet état d’abandon, j’ai dû recourir et à vous et à M[onsieur] le Ministre de la Guerre pour obtenir un aide que j’avais déjà obtenu autrefois. On m’avait donné un officier du génie qui, en faisant les travaux de l’observatoire, se mettait en même temps au courant de travaux qui sont de son service. J’ai obtenu en effet cet aide et heureusement à la veille d’une maladie grave, où il aurait été difficile de me remplacer autrement. Car, il faut bien en convenir, les deux aides mon fils m’a été adjoint qui me restaient, l’un était pour le calcul seulement et l’autre pour l’observation. Tandis qu’il me fallait un homme unissant les deux facultés à la fois.
Je viens donc vous prier, M[onsieur] le Ministre, d’organiser ce service, qui ne l’a jamais été ; et de me donner des observateurs qui me manquent. Ce serait :
1° [NB : Quetelet ébauche apparemment une énumération suivie du texte suivant (en partie biffé) :] de détacher du génie, mon fils qui en est lieutenant en lui donnant 3 000 francs
[puis semble faire précéder le texte ci-avant de celui qui suit :]
d’augmenter le traitement de M[onsieur] BOUVY et de le porter à 2 400 f[rancs] qui, avec les 600 francs qu’il reçoit de l’Académie, formerait 3 000 francs ; et de donner une somme égale à mon fils,
… [NB : la rédaction est ensuite probablement abandonnée]