Budget de l’Observatoire pour 1845

[ceci est la minute de la réponse de Quetelet à la lettre du ministre de l'Intérieur du 20 mars 1845]

Bruxelles, le 14 avril 1845

1 Annexe

Monsieur le Ministre,

En réponse à votre lettre du 20 mars, n° 2499, 6e division, j’ai l’honneur de vous soumettre le projet de budget de l’Observatoire royal pour l’exercice 1845, en prenant pour bases l’allocation de 24 000 francs destinée à cet établissement.

Le projet est à peu près exactement le même que celui de 1844, auquel vous avez bien voulu donner votre approbation, il n’en diffère que pour les changements suivants.

1° Une somme de 1 000 francs a été prise sur l’article 2, impressions, pour l’ajouter à l’article 4, achat d’instruments. 1 400 francs auraient été insuffisants pour construire un pied à la grande lunette de CAUCHOIX que l’Observatoire a reçue à la fin de l’année dernière et pour payer le prix de location de cet instrument. Nous ne possédions point Ce pied parallactique qu’il s’agit de construire, est un instrument qui nous manque depuis longtemps et qui doit pouvoir servir à toutes les lunettes mobiles. Nous ne possédons pas même de pieds de rechange pour les lunettes de médiocre dimension.

En diminuant de 1 000 francs, l’article impressions pour cette année je ne porterai aucun préjudice aux travaux de l’Observatoire. Le volume qui est sous presse a été retardé par les nombreux et pénibles calculs qu’il a fallu faire ; il sera bientôt terminé et payé sur le budget de 1844. Celui que l’on commencera ensuite, ne pourra probablement pas être achevé dans le courant de cette année, et 3 250 francs suffiront, je pense, pour payer ce qui aura été fait. J’occuperai tous mes soins à mettre les impressions au courant des travaux mais cette tâche est extrêmement difficile à remplir.

2° Le second changement est peu important ; il se réduit à prendre une somme de 100 francs sur l’article mobilier, pour l’ajouter à celui des traitements.

Je dois reproduire ici les mêmes observations que j’ai fait valoir depuis plusieurs années, observations auxquelles vous avez bien voulu avoir égard, du moins en partie, en fixant le dernier budget de l’Observatoire. Mes aides, surtout ceux qui s’occupent des observations et des calculs, voient croître leurs travaux d’année en année ; et les traitements qu’ils reçoivent ne sont réellement pas en rapport avec leurs pénibles fonctions. J’avais proposé pour chacun d’eux une modique augmentation de 300 francs. Vous n’avez pas cru devoir accueillir cette proposition, ou du moins vous avez accordé à l’un une augmentation de traitement de 200 francs ; à l’autre une simple indemnité de 200 francs et à un autre encore [au] 3e une indemnité de 150 francs seulement.

Cette inégalité de position a eu le double inconvénient de faire des distinctions peu encourageantes et d’avoir fait tomber la plus faible part sur celui de mes aides qui ne me rend certainement pas les moindres services.

Vous avez fait observer, il est vrai, M[onsieur] le Ministre, que l’aide qui recevait le moins, recevait encore d’une autre part un autre traitement. Mais tous mes aides, Monsieur le Ministre, sont dans le même cas ; ou du moins le seul qui ne reçoit pas un second traitement du Gouvernement, joint à ses fonctions d’aide la direction d’un établissement particulier.

Il ne saurait guère en être autrement ; pour être attaché à l’Observatoire, il faut des talents et des connaissances spéciales, qui sont loin d’être rétribuées par les traitements qu’on accorde. Il en résulte que ceux qui y viennent par goût ou par dévouement pour les sciences, cherchent un dédommagement ailleurs ; et je trouve ce désir si légitime et si juste que je l’ai toujours secondé de tous mes moyens.

L’Observatoire a malheureusement été constitué au milieu des plus grandes difficultés ; et il a fallu recourir à des expédients pour assurer son existence et faciliter ses travaux. Vous lui avez assuré à [sic] cet établissement une position plus régulière, Monsieur le Ministre ; mais la position celle des aides reste encore toujours à fixer de manière à pouvoir se consacrer exiger d’eux qu’ils soient entièrement à leurs travaux.

En attendant que cet état de choses, je crois devoir vous prier de maintenir au moins l’état provisoire avec les modifications proposer de continuer à [sic] M. LIAGRE l’indemnité de 200 fr[ancs] qu’il a reçue l’année dernière et de porter celle de M. MAILLY à 200 fr[ancs] également.

Je me borne à faire ces deux propositions que je regarde non seulement comme justes, mais comme nécessaires pour maintenir le zèle de ces aides qui m’est si nécessaire dans la période difficile où je me trouve pour soutenir convenablement tous [pour] assurer le succès des travaux difficiles et nombr[eux] que je dois faire marcher de front.

L’article des traitemens comprendrait ainsi :
- pour le directeur 8 400 f[rancs].
- pour M. MAILLY 1 600
- pour M. BOUVY 1 400
- pour M. LIAGRE 1 400
- pour M. BEAULIEU 1 200
- la concierge 840
14 840

Si comme j’ose l’espérer, le projet de budget que j’ai l’honneur de vous soumettre, reçoit votre approbation, M[onsieur] le Ministre, je me croirai suffisamment autorisé à faire construire le pied équatorial dont j’ai fait mention au commencement de cette lettre.

Agréez &a…

8 400 le directeur
840 la concierge
2 800 MM. LIAGRE & BOUVY
1 600 M. MAILLY
1 200 M. BEAULIEU
14 840

Projet de budget de 1845

Article 1er Personnel f. 14,840
2 Impressions 3,250
3 Bibliothèque, abonnements, reliures 1 000
4 Achats d’instruments, entretien 2 400
5 Mobilier, assurance, entretien des bâtiments 1 300
6 Chauffage & éclairage 800
7 Frais de bureau, ports &a 410
[Total] Frs 24,000

Date: 
Lundi, 14 avril, 1845 - 00:00
Écrit par: 
A. Quetelet
Adressé à: 
Jean-Baptiste Nothomb, ministre de l'Intérieur
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