Chronomètre de Von Dieck

Bruxelles, le 20 septembre 1845
Mon cher Colonel,
J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint les renseignements que vous m’avez demandés au sujet de la marche du chronomètre anglais (n° 874 VON DIECK) qui se trouve déposé à l’Observatoire royal.
Ce chronomètre a été observé depuis le milieu d’octobre dernier, sur la prière de l’artiste qui m’a été spécialement recommandé par un des principaux astronomes de l’Allemagne et qui désire se faire connaître en Belgique.
Les premières épreuves ayant été très satisfaisantes, j’avais cru devoir en parler recommander cet instrument à votre prédécesseur, M. le colonel TRUMPER, qui m’avait parlé de l’acquisition éventuelle d’un bon chronomètre pour le Dépôt de la Guerre qui n’en possède pas encore.
Aujourd’hui que les épreuves ont été aussi satisfaisantes qu’on pouvait le désirer, je ne puis que vous engager de la manière la plus pressante à ne pas perdre l’occasion de vous procurer un excellent instrument de géodésie qui vous manque complétement au Dépôt de la Guerre et qu’il vous serait assurément très difficile de vous procurer plus tard.
Vous pourrez remarquer que les avances et les retards ont suivi une marche progressive ; je n’ai point remarqué reconnu pendant les onze mois d’épreuves un seul changement brusque, et cet avantage est de la plus haute importance pour ce genre d’instruments.

Pendant le dernier hiver qui a été très rigoureux, j’ai soumis tous mes chronomètres aux froids les plus intenses, celui de M. VON DIECK les a subi [sic] avec le plus d’avantage. J’avais cependant à l’Observatoire des chronomètres de choix et en particulier celui du bateau à vapeur la British Queen qu’on regarde comme d’une qualité tout à fait supérieure et dont le prix a été à peu près double du chronomètre en épreuve.
La petite variation +0’’41 observée du 2 au 11 décembre provient des essais qui ont été faits sur ces températures et vous trouverez sans doute comme moi qu’elle est bien faible.
Si vous jugiez à propos de faire des propositions à M. le Ministre de la Guerre pour l’acquisition du chron[omètre]. V[ON] DIECK, je vous prierais de ne pas tarder ; l’instrument ayant subi à peu près une année d’épreuves, on pourrait me le redemander. Je crois devoir vous rappeler que le prix est de 50 livres sterling.

Chronomètre VON DIECK
[tableau des épreuves de test entre le 18 octobre 1844 et le 1er septembre 1845 ; pour la période du 2 au 11 décembre 1844, Quetelet annote : grand froid]

[verso de la page précédente : papier pré-imprimé et non rempli, à l’en-tête de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles]

[notes et calculs de Quetelet, probablement relatifs au chronomètre à l’essai]

[projet de procès-verbal par Quetelet, concernant une séance de l’Académie]
M. le Ministre de l’Intérieur écrit qu’il vient de faire liquider, au nom de l’académie, la somme de 600 francs qui a été ajoutée par arrêté royal du 7 juin 1843, au prix institué pour la question relative à l’éducation des sourds muets.
M. le Ministre écrit également pour obtenir un exemplaire des Bulletins en faveur de MM. les rédacteurs de la Démocratie pacifique et de La Phalange à Paris.
M. VANDERVOORT adresse un exemplaire de son journal Het Vaderland et demande en échange des bulletins de l’académie. Accordé.
M. le B[aron] de REIFFENBERG annonce un envoi de livres fait par M. Ange PEZZENA [PEZZANA], bibliothécaire de l’archiduchesse MARIE-LOUISE et demande que le nom de ce savant soit porté sur la liste des candidats pour la place de correspondant.
M. ROULEZ demande si l’académie veut entendre le rapport de ses commissaires sur le mémoire de M. MOKE concernant la Bataille des éperons ; il fait observer toutefois qu’il existe encore quelques lacunes dans ce travail. L’académie décide qu’elle attendra que ces lacunes soient remplies, pour se prononcer sur l’impression du mémoire.
MM. DANDELIN et CRAHAY présentent verbalement quelques observations sur un instrument nouveau de M. GÉRARD de Liège, instrument destiné à tracer des circonférences. Par suite de ces observations, M. GÉRARD sera invité à retirer son instrument. M. DANDELIN veut bien se charger de lui écrire à ce sujet.

Date: 
Samedi, 20 septembre, 1845 - 00:00
Écrit par: 
A. Quetelet
Adressé à: 
Guillaume-Adolphe Nerenburger, directeur général du Dépôt de la Guerre
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