Comptes de l’Observatoire, état de délabrement des bâtiments

[À] Monsieur le M. de l'Intérieur
Bruxelles, le 24 mars 1847
Monsieur le Ministre,
Par votre lettre du 23 de ce mois n° 3331, 5e division, vous m’avez renvoyé un compte du Sr DE KEYN pour recevoir des renseignements au sujet d’une somme de 600 francs qui y figure pour construction d’un parquet en bois de chêne.
Vous vous rappellerez sans doute, Monsieur le Ministre, que, depuis huit à dix ans, je n’ai cessé de réclamer sur l’état de délabrement dans lequel se trouvait l’Observatoire surtout pour les boiseries. Il y a trois ans, M. le Ministre des Travaux publics a, en partie, fait droit à ces réclamations et plusieurs parties du bâtiment ont été convenablement réparées.
Cependant, la salle principale, où je reçois les nombreuses visites des personnes qui ont affaire à l’Observatoire, n’avait point reçu de restauration, et le plancher se trouvait entièrement dégradé. Les réparations nombreuses et les peintures continuelles qu’il fallait y faire occasionnaient de fréquentes dépenses.
Dans cet état de choses et voyant que malgré les vives réclamations renfermées dans mes rapports annuels, M. le Ministre des Travaux publics ne semblait nullement disposé à y faire exécuter les réparations demandées, je crus devoir prendre le parti nécessité par les circonstances.

Je fis renouveler la charpente et remplacer le plancher par un parquet solide qui désormais n’exigera plus de peinture. L’intérêt très minime de cette somme de 600 francs sera plus que compensé si l’on considère qu’on évitera désormais les peintures et réparations continuelles du plancher qu’il fallait faire, sans faire entrer en ligne de compte la perte de temps occasionnée par la présence des ouvriers.
Je puis produire des comptes qui prouvent que j’ai fait exécuter dans la même salle pour plus de 8 francs de peinture à mon propre compte, vous jugerez sans doute, M. le Ministre, qu’il est juste que le gouvernement fasse aussi quelque chose en faveur de sa propriété.
L’état de dégradation de l’Observatoire n’est pas funeste seulement aux instruments qui s’y trouvent mais encore à ma propriété particulière. L’humidité a déjà détruit un grand nombre de meubles et de tapisseries. Ma position deviendrait très onéreuse si l’état actuel des choses devait se prolonger.
Je saisirai cette occasion pour renouveler mes réclamations à l’égard du cabinet magnétique et de la [terrasse ?] qui menacent ruine. Le cabinet magnétique est tellement délabré et humide qu’il est d’impossible d’y placer encore un instrument. Il vaudrait infiniment mieux l’abattre que de le laisser dans l’état où il se trouve.
Agréez, &a

Date: 
Mercredi, 24 mars, 1847 - 00:00
Écrit par: 
A. Quetelet
Adressé à: 
B. de Theux, ministre de l'Intérieur
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