Réponse à l’avertissement administratif

À Monsieur le Directeur de l’Observatoire

6 mars 1849

Monsieur,

Deux questions distinctes sont soulevées par les observations que vous venez de me faire : la question de droit, et la question de fait.

En fait, je nie formellement m’être livré à des manifestations de nature à troubler l’ordre et à nuire à la tranquillité publique. J’observe même que si j’eusse été l’auteur ou le coopérateur de manifestations semblables, ce ne serait pas administrativement, mais judiciairement, que je devrais être poursuivi. Il ne s’agit donc pas d’actes contraires aux lois du pays : il ne peut être question que de mes opinions.

Je reconnais, en effet, que je professe publiquement, sans m’en cacher comme sans en faire ostentation, une doctrine dont le but est l’amélioration du sort de tous, et d’abord du sort des travailleurs par l’organisation des associations-ouvrières et par l’organisation du crédit. Je suis de ceux qui pensent qu’il reste encore du bien à réaliser. Les questions pratiques de l’économie sociale ont fait l’objet de mes études, et il est naturel que je m’intéresse aux discussions que ces questions soulèvent ou aux solutions qu’elles reçoivent.

Mais quelles que soient les limites toutes pacifiques et toutes d’applications dans lesquelles je me suis renfermé, je dois maintenir ici le Droit, dans son intégralité. Tout belge qui désobéit aux lois est passible de la justice de son pays ; au-delà des prescriptions de la loi, je ne connais aucune disposition, fut-elle même réglementaire, qui m’enlèverait une partie de mes droits de citoyen. En acceptant les fonctions d’aide à l’Observatoire,
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je n’ai pas été averti que je perdisse par là une partie de mes droits politiques. Si l’on m’eut demandé ce sacrifice, je m’y serais indubitablement refusé.

J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Directeur, votre tout dévoué serviteur .

[signé] Houzeau, aide à l’Observatoire