Observations météorologiques et botaniques dans les écoles d’agriculture

[note en marge] Expédié
À Monsieur le Ministre de l’Intérieur
[Objet] Écoles d’agriculture
Bruxelles, le 7 janvier 1854
Monsieur le Ministre,
J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint, douze exemplaires des Observations des phénomènes périodiques en 1852, dont sept sont destinés aux Ecoles d'agriculture.

Ce résumé comprend la première année d'observations faites par les écoles de Tirlemont, Verviers, La Trapperie, Ostin, Leuze et Chimay. Une lacune regrettable se présente pour Thourout : bien que des instruments aient été envoyés dans cet établissement, aucune observation météorologique n'y a été faite jusqu'à ce jour. Les observations botaniques manquent également pour Tirlemont et Leuze.

Le défaut de placement des instruments, les accidents survenus dans le voyage, enfin, je le dirai à regret, l'inexpérience ou le peu de soin de quelques observateurs ont fait marcher ces travaux assez irrégulièrement pendant la première année. J'appellerais à ce sujet votre attention, Monsieur le Ministre, sur les notes qui accompagnent le résumé relatif à chaque école et qui vous permettront d'apprécier le degré de confiance qu'elles méritent. Quelque imparfaites qu'elles soient cependant, ces observations jointes à celles

recueillies à Gand, Liège, Stavelot, St Trond, Namur et Furnes font ressortir déjà, l'importance que présente pour l'agriculture, l'étude de la nature intime de notre climat.

Les calculs et la publication du résumé météorologique de 1852, dans la forme restreinte que j'ai dû adopter, ont exigé déjà le travail de l'un de mes aides pendant plus de six mois, et vous comprendrez, Monsieur le Ministre, qu'il me serait impossible de continuer cette publication sans entraver les travaux ordinaires de l'Observatoire.

Afin de s'associer aux efforts que tentent en ce moment les différentes nations pour arriver à saisir les grands phénomènes qui se manifestent dans l'atmosphère, il serait nécessaire, je pense, d'élargir considérablement le cadre de cette publication et de soumettre, surtout, les observations à une surveillance particulière. Au lieu d'un résumé annuel, il faudrait, à l'exemple de nos voisins, présenter en détail les observations correspondantes faites chaque jour à l'aide des divers instruments ; mais ces études devraient faire l'objet d'une publication spéciale qui exigerait d'ailleurs un travail que les moyens dont je dispose ne me permet pas d'entreprendre.

Une personne devrait être exclusivement chargée de discuter et de coordonner les observations recueillies dans les diverses stations du Pays, et de réunir ensuite dans un travail d'ensemble les différences que représentent dans leur marche les divers éléments météorologiques observés dans chaque localité. Alors seulement nous pourrions justifier la bonne opinion que les étrangers ont conçue des recherches

climatologiques entreprises chez nous et, que vous trouverez exprimée dans le Rapport ci-joint.

J'ai été informé que plusieurs des thermomètres envoyés dans les Ecoles ou dans les autres stations ont été dérangés ou cassés, soit par l'inexpérience des personnes auxquelles ils étaient confiés, soit par des accidents ordinaires. A la vérité, les thermomètres construits d'après le système de BELLANI sont d'un transport difficile et très sujets à se déranger, mais je pense qu'il y aurait lieu de leur substituer à l'avenir, deux thermomètres, l'un à maxima, l'autre à minima ; ensemble, ils seraient d'un prix beaucoup moins élevé que le premier, et le remplaceraient fort bien s'ils étaient soigneusement comparés.

Depuis longtemps, M. DE PERRE à Chimay, m'a informé que les indicateurs de son thermomètre, étaient fréquemment dérangés ; l'orage du 9 juillet de l'année dernière a cassé le thermomètre de Leuze ; celui de Furnes a dû revenir déjà à l'Observatoire par suite d'un dérangement dans la colonne, tandis que le thermomètre envoyé récemment à Ostende m'est revenu brisé. Le dépôt d'instruments créé à l'Observatoire ne propose aucun thermomètre en réserve et je viens vous prier, Monsieur le Ministre, d'allouer un crédit spécial pour l'acquisition d'un certain nombre de ces instruments destinés à remplacer ceux cassés ou hors de service.

D'autre part, il serait nécessaire pour amener plus d'unité et d'exactitude dans les observations, de charger une personne familiarisée avec les travaux météorologiques, de se

rendre dans les différentes localités pour s'assurer de la bonne exposition des instruments et donner les instructions nécessaires, car je vous ferai remarquer, Monsieur le Ministre, que dans trois des écoles d'agriculture, on semble ignorer même l'usage du vernier du baromètre. Cette personne pourrait vérifier en même temps, l'état des instruments et y transporter ceux qui doivent être remplacés, car c'est au voyage surtout qu'il faut attribuer la plupart des dérangements qui surviennent.

Les dépenses que je vous propose devant être faites surtout dans l'intérêt de l'agriculture, c'est sur son budget et non sur celui de l'Observatoire, qu'elles devraient être imputées.

Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Ministre, l'assurance de mes sentiments respectueux.
Le Directeur de l'Observatoire Royal

Datum: 
zaterdag, 7 januari, 1854 - 00:00
Geschreven door: 
A. Quetelet
Gericht aan: 
Ferdinand Piercot, ministre de l'Intérieur
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