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[À] Monsieur le Ministre de l’Intérieur
3 Annexes
N° 1 On the difference of longitude &a
2 Rapport sur le bureau météorologique
3 Résumé des observat[ions] de 1852
15 février 1855
Monsieur le Ministre,
L’article 7 de l’arrêté royal du 4 mars 1839 relatif à l’organisation intérieure de l’Observatoire porte qu’il vous sera présenté un rapport annuel sur les travaux de cet établissement.
D’après les trois lettres que j’ai eu l’honneur de vous adresser le 1er mai, le 23 juin et le 14 novembre de l’année dernière, je pourrais me considérer comme ayant satisfait à ce qui m’était demandé, du moins en ce qui concerne les aides et les travaux de l’Observatoire. Je ne puis en effet que m’en référer à ces lettres comme je l’ai fait par ma missive du 17 janvier dernier.
Vous y verrez en résumé, Mr le Ministre, que les travaux de météorologie et de physique du globe s’exécutent sur une grande échelle et avec succès ; mais que par contre les travaux astronomiques sont à peu près nuls. Cette nullité déplorable a pour cause l’insuffisance du traitement des aides. D’une part, il m’a été impossible depuis quatre ans de trouver un observateur capable qui voulut consentir à prendre part à nos travaux ; et, de l’autre, M. BOUVY, l’aide qui m’a secondé avec zèle depuis 17 ans, découragé de ne pas voir améliorer sa position, a fini par réduire le plus possible le temps qu’il donne à l’Observatoire. Il en résulte que véritablement on n’observe pas aux instruments astronomiques et qu’il m’est impossible de m’associer aux grands travaux qui sont faits actuellement, bien que, sous le rapport des instruments, nous ayons peu de choses à envier aux observatoires étrangers, même de premier ordre.
Ce découragement n’a pas seulement pour effet d’arrêter les observations ; il entrave également les publications qui sont fort en souffrance.
Il est juste de dire qu’aux travaux de l’Observatoire sont venus se joindre d’autres travaux complètement étrangers à cet établissement. Je veux parler de la surveillance et de la publication
des observations météorologiques qui se font dans les écoles d’agriculture du gouvernement et de celles qui se font dans d’autres stations encore. Bientôt on aura aussi les observations qui ont lieu en exécution des décisions prises dans le congrès nautique en 1853.
Ces travaux spéciaux n’ont pas encore reçu d’organisation régulière comme cela s’est fait dans tous les autres pays de l’Europe. Il faudrait pour les exécuter au moins un calculateur spécial ; et il serait juste qu’il fût payé sur le fonds d’encouragement des sciences et non sur celui de l’Observatoire. Il en résulte de cet état de choses qu’on n’a pu publier jusqu’à présent que le résumé des observations qui ont été faites à grands frais et avec beaucoup de peine sur les différents points du pays. Je dois m’en référer pour cet objet à ce qui a été dit déjà dans ma lettre du 7 janvier 1854 relativement aux écoles d’agriculture.
A partir de cette année, je devrai même abandonner la coordination de ces résumés faute d’aide pour publier nos propres travaux.
Une note ci-jointe vous propose de régulariser au moyen d’un bureau météorologique les trois services qui sont venus se joindre successivement aux travaux de l’Observatoire et qui leur causent des entraves réelles. Après avoir tant fait pour la connaissance géologique du pays, le gouvernement ne montrera certainement pas moins de sollicitude pour connaître son état météorologique qui intéresse au plus haut point toutes les sciences d’observation, mais plus spécialement l’agriculture et l’hygiène publique.
Instruments. Le crédit extraordinaire alloué sur le budget de 1854 et une somme prélevée sur le matériel de l’Observatoire ont permis de faire des acquisitions importantes qui ne sont pas encore toutes arrivées mais que je possèderai bientôt :
1° un instrument d’altitude
2° deux collimateurs pour la rectification de la lunette méridienne
3° un théodolite répétiteur
4° un cathétomètre
Bibliothèque. La collection de nos livres continue à s’enrichir, mais plutôt par des dons que par des acquisitions nouvelles.
Publications. L’Observatoire n’a fait paraître dans le courant de l’année 1854 que l’Annuaire de 1855, qui est le 22e de la collection.
Le tome XI des Annales de l’Observatoire et les Observations des phénomènes périodiques pour 1853 ne sont pas terminés pour les raisons indiquées précédemment.
C’est à Londres qu’ont été publiés, par les soins de M. AIRY, les résultats de l’importante opération géodésique effectuée à la fin de 1853 entre les observatoires royaux de Bruxelles et Greenwich. Il s’agissait de déterminer la différence en longitude de ces deux établissements au moyen de la télégraphie électrique. Vous trouverez ci-joint un exemplaire de ce travail. En même temps se faisait une opération semblable entre Paris et Greenwich.
Aujourd’hui M. LE VERRIER, directeur de l’Observatoire de Paris, me propose de contrôler la
double série d’observations en déterminant directement la différence des longitudes de nos observatoires, également par le moyen de la télégraphie électrique.
Malgré l’importance de cette vérification et l’éclat attaché à un travail géodésique aussi délicat, j’ai dû prier l’illustre astronome français de différer ces projets. Avec les faibles moyens dont je puis disposer, je n’ai pas cru devoir reculer une première fois devant les offres qui m’étaient faites en Angleterre, d’autant plus que c’était le premier essai semblable qui était tenté en Europe. Il nous a réussi ; il serait imprudent peut-être de compromettre ce succès sans avoir les auxiliaires nécessaires pour le soutenir.
Vous m’avez fait espérer, Monsieur le Ministre, que vous voudrez bien m’aider à remédier à ce déplorable état de choses et à placer notre Observatoire, sous le rapport astronomique, au rang qu’il peut et qu’il devrait occuper.
Agréez
Note sur les travaux spéciaux de météorologie et de physique entrepris en Belgique sous les auspices du gouvernement en dehors des travaux de l’Observatoire royal
1° Un arrêté royal du 15 mai 1851 a créé à l’Observatoire royal de Bruxelles un dépôt spécial d’instruments pour favoriser la culture des sciences physiques. Les observateurs doivent envoyer le résultat de leurs travaux au directeur de l’Observatoire, surtout en vue d’établir un système d’observations complet pour la météorologie. Dans le rapport au Roi qui précède cet arrêté, il est dit que les lunettes méridiennes établies dans quelques-unes des principales villes du pays seront considérées comme appartenant à ce dépôt.
2° Une lettre du Département de l’Intérieur (août 1850, 8ème division) porte que les instruments nécessaires à des observations météorologiques régulières seront fournis aux écoles d’agriculture ; et une 2e lettre du 4 déc. 1851 1660/44000, 8ème division, prescrit que les observations seront transmises au directeur de l’Observatoire.
3° Une lettre du Département de l’Intérieur (19 mai 1854 n° 1627/7212) désigne le directeur de l’Observatoire pour coordonner les journaux météorologiques tenus à bord des vaisseaux belges et qui lui seront adressés par le Département des Affaires étrangères en suite des résolutions adoptées par la conférence maritime de 1853.
Il y a donc trois sources de travaux comprenant un ensemble de recherches climatologiques sur terre et sur mer, dont le siège est établi à l’Observatoire royal de Bruxelles : ces travaux sont complètement distincts de ceux de cet établissement.
Les premiers comprennent jusqu’à présent les observations météorologiques faites à Gand, à Liège, à Stavelot, à St Trond, à Namur, à Capryk et à Ostende.
Les seconds se rapportent aux observ[ations] météor[ologiques] de Tirlement, Verviers, La Trapperie, Ostin, Leuze et Chimay.
Les troisièmes qui ont dû être faites sur mer, ne sont pas encore parvenus à l’Observatoire royal.
De toutes ces observations il n’a été publié jusqu’à présent que des résumés annuels, calculés, en grande partie, à l’Observatoire royal (voyez la pièce ci-jointe A). Il est à regretter, dans l’intérêt de la science, ainsi que de notre climatologie, que les observations mêmes n’aient point été publiées jour par jour comme cela se pratique aujourd’hui dans les principaux pays de l’Europe où des Bureaux spéciaux ont été établis pour ce genre de travaux.
Il importe à l’honneur de la Belgique qui a été le siège du congrès météorologique de 1853, de répondre à l’appel fait à toutes les nations, appel auquel satisfont aujourd’hui non seulement les pays qui étaient représentés à ce congrès, mais encore la plupart de ceux qui n’avaient pu l’être, tels que la Prusse, l’Autriche, la Bavière, l’Espagne, les états romains, etc.
Ce service reste donc entièrement à organiser. Or, je pense qu’on pourrait satisfaire, à peu de frais, aux besoins de la science et procurer en même temps à des jeunes gens le moyen de se former utilement aux sciences d’observation. Mes propositions à ce sujet seraient les suivantes :
1° organiser, auprès du dépôt spécial des instruments créé à l’Observatoire royal par arrêté du 15 mai 1851, un bureau central pour les travaux de météorologie et de physique du globe.
2° faire discuter et publier, sous la surveillance du directeur de l’Observatoire, toutes les observations entreprises sur les différents points de la Belgique ou sur mer pour répondre à l’appel du gouvernement.
3° faire exécuter les calculs et les travaux de coordination par un ou deux jeunes gens, qui pourraient, au moyen de subsides, compléter en même temps leurs études dans les sciences d’observation, et se préparer ainsi d’une manière utile à la carrière de l’enseignement ou de toute autre profession qui exige la pratique des sciences.
On obtiendrait, par ce moyen, un double but : le dépôt des instruments créé à l’Observatoire ne demeurerait pas stérile, et l’on aurait organisé le service relatif à la connaissance climatologique du Royaume, connaissance encore complètement dans son enfance.
Bruxelles, le 15 fév. 1855
Le Directeur de l’Observ.