Fragment du rapport initial de 1855, concernant le personnel de l’Observatoire

Fragment du rapport de 1855
D’une autre part les aides qui me restaient, sentant l’insuffisance de leur paiement depuis plus de 20 ans [de] service, ont cru devoir réduire les heures de travail ; je vous ai fait connaître leurs résolutions et mes observations sont malheureusement restées sans réponse.
Voici maintenant quelles sont les heures qu’ils consacrent à l’Observatoire ; j’indique en même temps le genre de leur travail.
M. MAILLY, plus particulièrement chargé des travaux de calcul et de la rédaction des Annales et de l’Annuaire de l’Observatoire, ainsi que des calculs et des écritures en général, reçoit 1 600 francs pour un travail de 9 heures du matin à 2 heures de l’après-midi.
M. BOUVY, principalement chargé de la partie météorologique et de la physique du globe, s’occupe de ce travail entre 9 heures et 1 heure du matin ; il s’occupe aussi pendant ce temps à revoir la partie scientifique des Mémoires et des Bulletins de l’Académie. En outre, il observe pendant deux soirées de chaque semaine, l’espace de trois heures aux instruments méridiens. Il reçoit de l’Académie 600 francs et de l’Observatoire 1 400.
MM. BOUVY et MAILLY, attachés l’un et l’autre depuis plus de vingt ans à l’Observatoire, ne m’ont cependant jamais refusé leur concours en dehors de leurs heures, lorsque je l’ai demandé.
J’avais un 3e aide observateur ; je ne lui ai pas trouvé de suppléant depuis plusieurs années.
M. BLANPAIN, mécanicien de l’Observatoire depuis deux ans, s’associe et partage son traitement de 1 200 francs avec M. GRÉGOIRE, attaché au Ministère des Finances. Ce dernier aide se borne à faire, fort obligeamment [?] du reste, deux fois par semaine et pendant trois heures les observations aux instruments méridiens.

Il résulte donc de cet état, qu’on n’observe à l’Observatoire de Bruxelles, que qua[tre ?] fois par semaine, et chaque fois pendant trois heures déterminées d’avance. Quand le temps était défavorable, on s’occupait de transcrire les observations des jours précédents.
Or, il est de rigueur, dans un observatoire, qu’un aide au moins soit toujours présent, pour ne manquer aucun des phénomènes que le ciel peut présenter. Si mes aides collaborateurs [tous deux barrés] ne sont pas assujettis à l’obligation imposée, c’est qu’ils sont trop faiblement rétribués pour répondre à un pareil travail. Je l’ai senti comme eux et je n’ai pas cru pouvoir porter mes exigences plus loin. Sous le rapport du matériel, notre observatoire se trouve en première ligne ; et pour ce qui concerne le personnel, je ne dois point craindre je ne crains point de le placer au dernier rang parmi les observatoires royaux.
Je me suis tourné alors vers mon fils, qui a cru devoir sacrifier son avenir à mon état présent, et abandonner le génie où il était officier, pour venir aider mes dernières années à l’Observatoire. Je ne parlerai pas de son mérite comme observateur, mais je dois me refuser aux sacrifices qu’il veut me faire, si le gouvernement se refuse à rendre sa nouvelle fonction au moins équivalente à celle qu’il se propose de quitter pour moi.
Je ne parlerai pas des services qu’il m’a rendus, je me bornerai à dire, Mr le Ministre, que depuis la douloureuse maladie que j’ai faite, il n’est pas sorti dix fois de l’Observatoire.
J’ajouterai de plus qu’il réunit les deux qualités que mes deux autres aides possèdent séparément : la science du calcul et l’art de l’observateur.
J’attendrai donc, M. le Ministre, que vous vouliez bien, comme dans les autres observatoires, porter fixer son traitement à 3 000 francs, en demandant à le dégager du service militaire ; je demanderai aussi une augmentation de 1 000 francs pour Mr BOUVY qui recevrait ainsi également 3 000 francs, en joignant ses traitements actuels, mais qui serait chargé alors d’observer de manière continue.
Je ne parle pas de M. MAILLY d’après les observations que vous avez bien voulu me faire relativement à ses autres traitements. Je n’ai qu’à me louer de sa participation à mes travaux, et je dois désirer qu’il soit content de loue l’Observatoire comme je le fais de sa participation à mes travaux.
Je ne puis du reste que regretter encore que l’Observatoire ne compte qu’une concierge pour tout le service actif ; je ne puis garantir par suite le service de l’intérieur et encore moins la conservation des instruments déposés dans deux bâtiments qui sont sans aide pendant la nuit.

Date: 
Monday, 15 October, 1855 - 00:00
Written by: 
A. Quetelet
Addressed to: 
Pierre De Decker, ministre de l’Intérieur
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