Futur traitement d’Ernest Quetelet, traitements d’Edouard Mailly et de Victor Bouvy

5e Division
1ère Section 1887/68
Annexes 3 et non 5
B[ruxelles], le 11 mars 1856
Monsieur le Ministre,
Je viens de lire, avec une peine extrême, votre lettre que je reçois missive en date du 8 mars dernier. J’aime à croire qu’il y a une erreur d’appréciation qui ne se trouve aucunement dans les lettres de mes aides, lettres que je vous renvoie et que je connaissais déjà par la communication qu’ils m’en ont faite. Je remarque seulement que vous m’annonciez la communication de 5 pièces et que je n’en ai reçu que 3 que je vous renvoie.
Quel est l’objet de ma demande ?
Un traitement de 3 000 francs pour mon fils, qui aurait autant et même plus avec en comptant le supplément ; en cas de service à l’Ecole militaire, aux travaux des fortifications, au Ministère de la Guerre &a. Un sentiment de réserve et de convenance ne m’a pas permis de faire pour lui, ce que j’ai fait pour d’autres officiers du génie. C’est sur ma proposition de M[onsieu]r le capitaine TIMMERMANS de Gand, a été nommé professeur avec un traitement de 6 000 francs, que M[onsieur] DE CUYPER, lieutenant du génie, a été désigné comme professeur extraordinaire avec un traitement de 4 000 francs sans y comprendre les émolumen[t]s.
C’est, je le répète, par un sentiment de discrétion que j’ai demandé bien moins pour mon fils, et sans rien stipuler, et cela dans un moment où il est à la veille d’être nommé capitaine pour sa future nomination de capitaine.Quelle est la position de mes aides ?
M[onsieur] MAILLY reçoit 5 000 francs. Ses lettres que je conserve prouvent que des 5 000 francs ont été obtenus sur des demandes que j’ai faites en sa faveur. Il m’en remercia alors, je crois qu’il lui serait difficile de m’en accuser aujourd’hui. Du reste vous-même, M[onsieur]le Ministre, et vos prédécesseurs, vous avez reconnu que des nouvelles demandes que je ferais pour lui, n’avaient aucune chance de succès. M[onsieur] MAILLY, qui n’observe pas, m’a déclaré du reste qu’il lui serait impossible de consacrer plus de temps à ses calculs : il vient de 9 heures à 2 heures de l’après-midi.
M[onsieur] BOUVY est le seul qui reçoive une augmentation actuelle. Il avait 1 400 francs comme aide à l’Observatoire et 600 comme attaché à l’Académie. Le premier traitement, il l’a reçu par trois augmentations successives faites à ma demande ; et c’est encore sur ma proposition qu’il a reçu 600 francs de l’Académie. La nouvelle requête que je fais augmenterait son revenu de 1 000 francs ; et s’il renonce au subside de l’Académie (qu’il reçoit en quelque sorte malgré lui, dit-il aujourd’hui), il aura une augmentation de 400 francs.
Cependant, d’après nos conventions, outre sa besogne de 9 à 2 heures, M[onsieur] BOUVY n’observerait à l’avenir le soir d’une manière régulière que trois fois par semaine au lieu de deux fois, ce qui forme au plus la moitié du temps. Je dois ajouter encore que M[onsieur] BOUVY observe et ne fait pas les calculs astronomiques qui sont exécutés par M[onsieur] MAILLY.
Mon fils observe tous les soirs où l’observation est possible et calcule également ; c’est l’avantage qu’il a sur les deux autres aides, avantage inappréciable, et qui, par le temps qu’il donne à l’Observatoire, lui permet dès à présent de faire autant de besogne que les deux autres aides ensemble.
Je me serais tu sur cette circonstance, si je ne me trouvais forcé d’en parler malgré moi.
MM. [Messieurs] MAILLY et BOUVY, du reste, ont été si loin de demander [NB : surchargeant probablement : réclamer] pour eux la direction [NB : surchargeant probablement : conduite] de l’Observatoire, en cas de défaillance de ma part, qu’ils m’ont déclaré au contraire qu’ils verraient avec plaisir mon fils succéder à mon remplacement [sic]. Leurs lettres du reste que vous avez bien voulu me communiquer, ne contiennent rien de contraire à ce qu’ils m’ont dit, rien qui annonce le désir d’être placés au-dessus de lui ou même dans sa position.
Votre lettre, M[onsieur] le Ministre, en discordance avec celles de ces Messieurs, ne peut que m’étonner grandement, elle leur attribue des demandes qu’ils n’ont pas faites. Veuillez vous en assurer vous-même par une lecture attentive.
Si je me sens blessé, c’est bien moins par le contenu de ces lettres, que je connaissais d’ailleurs par des copies, que les auteurs m’en ont données, que par le manque de confiance en un Directeur qui a toujours donné à ses aides les plus grands témoignages de dévouement [NB : surchargeant probablement : confiance].
Je n’ai donc aucun changement à faire à ma demande, M[onsieur] le Ministre, et je crois devoir la maintenir telle qu’elle vous a été présentée que j’ai eu l’honneur de vous la présenter.
Je vous renvoie en même temps les 3 annexes, et non 5 comme l’annonce la marge de votre lettre.

Date: 
Tuesday, 11 March, 1856 - 00:00
Written by: 
A. Quetelet
Addressed to: 
Pierre De Decker, ministre de l'Intérieur
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