Calculs de P. Jonglas relatifs à l'éclipse solaire du 9 octobre 1847

[N.B. Ce rapport a été écrit par Ernest Quetelet, et amendé par Adolphe, en réponse à la lettre du Ministère de l'Intérieur du 23 octobre 1847)]

9 novembre 1847

Monsieur le Ministre,

Vous avez bien voulu, par votre dépêche du 23 octobre dernier (5me division n° 4273), me faire l'honneur de me demander mon avis sur un travail de M. JONGLAS père, relatif à l'éclipse de soleil du 9 octobre 1847.

Ce travail consiste en deux cartes et une note explicative, l'une des cartes représente la marche de l'éclipse sur le globe terrestre, l'autre représente le phénomène tel qu'il devait se montrer à Bruxelles ; la note donne, pour cette dernière ville, le commencement, le milieu et la fin de l'éclipse, sa grandeur et le point du disque solaire où la première et la dernière impression du disque de la Lune auraient eu lieu ; l'auteur n'a indiqué, du reste, ni la méthode, ni les tables dont il avait fait usage dans ses calculs [ajout de la main de Quetelet : ce qui était indispensable pour apprécier du mérite d’un pareil travail]. Cette circonstance et l'impossibilité où je me suis trouvé, par suite du mauvais temps, d'observer l'éclipse du 9 octobre m'empêchent de juger de l'exactitude des chiffres de M. JONGLAS autrement que par comparaison avec ceux qui ont été présentés dans l'Annuaire de l'Observatoire de Bruxelles ; si l'on s'en tient aux heures des phases, on trouve :

M. JONGLAS Observatoire
Commencement de l'éclipse 7h 0m du matin 6h 31m 33s
Milieu 8 4 id. 7 50 46
Fin de l'éclipse 9 3 id. 9 10 0

Ainsi, il y a sur le commencement de l'éclipse une différence de 28 minutes, sur la fin la différence est de 7 minutes et sur la durée du phénomène, elle est de 35 minutes

Ces différences dépassent toutes les limites [ajout de la main de Quetelet : admissibles], le calcul des éclipses se fait aujourd'hui avec une telle précision que l'on doit pouvoir répondre d'une à deux minutes sur l'instant des phases et du double sur la durée du phénomène.
Pour ce qui concerne les cartes dressées par M. JONGLAS, je me bornerai à faire observer que dès l'année 1843, le Nautical almanac avait donné la carte relative à l'éclipse du 9 octobre, considérée sur le globe terrestre et que le Bulletin de l'Académie de Belgique du mois de [juin ?] 1846 renferme une figure représentant le phénomène vu à Bruxelles.