[note moderne au crayon] 006
Le 25 février 1830
À Messieurs le Bourgmestre de Bruxelles et échevins
M.M.
À la veille de devoir reprendre les travaux à l’Observatoire, je viens vous présenter encore quelques observations sur cet édifice. Ayant été dans le cas de dessiner [?] et d’étudier la construction de beaucoup de monumens semblables, ayant d’une autre part été appelé par le gouvernement à donner mes idées sur celui qu’on construit dans ces murs, je croirais manquer à mon devoir en ne présentant pas à temps mes remarques sur ce qui pourrait paraître défectueux et exiger plus tard des dépenses que l’on peut prévenir facilement. L’intérêt que vous prenez à notre observatoire, M.M., vous les fera sans doute accueillir avec bienveillance.
J’ai cru remarquer qu’une des tourelles (celle qui est située vers l’est) ne serait point voûtée et que l’instrument qui y sera placé se trouverait ainsi exposé à tous les mouvemens d’un plancher. Cette construction, si elle avait lieu, serait essentiellement vicieuse. Les quatre piliers qui s’élèvent au centre de l’aile étaient destinés d’abord à former une voûte comme dans l’autre aile. J’ose appeler votre attention sur cet objet comme étant de la plus haute importance.
J’ai déjà fait l’année dernière l’objet spécial d’une lettre de quelques observations sur la manière dont l’aile vers l’est serait éclairée et chauffée. La grande salle située vers le sud, est
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destinée à recevoir les instrumens mobiles ; on y fera les observations des occultations, cependant il n’y a de fenêtres percées vers l’est. Je ne vois pas non plus ni dans cette aile, ni dans la partie centrale, aucune cheminée qui permette d’y faire du feu ; cependant, l’observateur doit s’y tenir continuellement pendant la rigueur des hivers ; l’aile de l’est peut d’ailleurs être habitée plus tard par un adjoint ou par d’autres personnes que le gouvernement pourrait juger convenable d’attacher à l’établissement. Ne serait-il pas convenable alors d’y pratiquer ce qu’exigent les premiers besoins de la vie.
Je n’ai pas vu faire non plus de dispositions pour le placement de volets ; cependant un édifice tel qu’un observatoire, étant continuellement exposé aux ardeurs du soleil, aux pluies, aux vents, on conçoit qu’il deviendrait impossible de l’habiter, si l’on n’y était abrité d’une manière convenable ; il y aurait d’ailleurs peu de sûreté à le faire, la facilité qu’on aurait à s’y introduire pendant la nuit pourrait causer les plus grands préjudices. Déjà actuellement qu’il ne s’y trouve rien qui puisse exciter la cupidité, le surveillant qui s’y trouve dit y avoir surpris pendant la nuit des personnes de mauvaises apparences qui avaient franchi la palissade.
Je vous prie, M.M., de vouloir bien prendre ces remarques en considération ; il serait à désirer aussi que l’on puisse terminer le massif qui doit porter les grands
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instrumens. Plusieurs de ces instrumens sont terminés et les artistes étrangers se plaignent des retards qu’ils éprouvent. D’ailleurs le sèchement du massif exigera quelque temps.
Afin d’utiliser mes loisirs et d’achever de voir tous les observatoires de l’Europe savante, j’ai obtenu du gouvernement de parcourir à mes frais les observatoires d’Italie et de Palerme en Sicile, je compte à cet effet employer les mois de mars, avril, mai et juin et juillet ; je prierais donc Mr l’architecte, s’il avait quelque détail à me demander, de vouloir bien le faire avant mon départ. J’ai cru devoir m’adresser encore à vous pour tout ce qui précède, Messieurs, d’après l’invitation que vous avez bien voulu m’en faire précédemment.
Je serai dans le cas de devoir suspendre aussi mes leçons au Musée mais pour en dédommager mes auditeurs, au lieu d’une leçon par semaine, j’en ai donné deux régulièrement, de sorte que j’ai pu voir ce que j’enseignais les années précédentes.
Je saisis cette occasion pour vous parler également d’un autre objet. La Commission du Musée avait payé précédemment des dépenses peu élevées à la vérité qu’exigeaient mes cours de physique ; depuis, les membres qui composent la Commission ont observé avec raison que cette dépense ne devait pas venir à leur charge. Je viens donc vous prier, Messieurs, de vouloir bien m’indiquer la marche que je dois suivre pour acquitter la note que m’a présentée le préparateur, M. SACRÉ, note que je joins à cette lettre.