[note moderne au crayon] 012
Observatoire, 25 mars 1830
À Messieurs le Bourgmestre et Échevins de la Ville de Bruxelles
Le désir de répondre promptement à la demande que contenait votre dernière lettre relativement au massif destiné à porter les grands instruments, m’a fait perdre de vue un objet des plus importans. On a déjà construit sous l’un des toits mobiles des deux tourelles une colonne cylindrique [en] maçonnerie pour le placement d’un instrument qui doit servir aux observations vers l’horizon. Un autre instrument doit être placé sous la seconde tourelle ; mais sa forme est telle qu’il serait impossible de l’établir d’une manière stable sur un pilier cylindrique semblable à celui qu’on a construit dans l’aile opposée. Cet instrument en effet se compose d’une lunette et de deux cercles gradués, fixés sur un axe de neuf à dix pieds de longueur qui doit être placé dans le plan du méridien et parallèlement à l’axe de la terre et dont les deux extrémités doivent être appuyées d’une manière très stable. Une colonne cylindrique d’une aune de diamètre serait donc insuffisante, il faudrait au moins un diamètre double. En fesant [sic] ce massif en forme de cône tronqué creux, comme à Altona et à Hambourg, on satisferait fort bien à ce qu’exige le placement de l’équatorial sans augmenter la dépense des matériaux. J’ose insister d’une manière d’autant plus pressante sur l’utilité de cette
[dessin en marge] massif, pilier, axe de l’équatorial
[sous le dessin] Je crois inutile de répéter que l’escalier et le plancher sur lequel se trouve l’observateur doivent être entièrement indépendans du massif.
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construction que, si l’autre avait malheureusement lieu, on se trouverait dans la nécessité de la détruire plus tard, pour refaire en pilier nouveau. La dépense qui serait nulle actuellement serait assez considérable alors ; et on devrait la regretter d’autant plus qu’il était plus facile de la prévoir. On ne tarderait même pas à s’en apercevoir puisque le placement de l’équatorial pourra probablement avoir lieu vers la fin de l’année. Comme nous ne connaissons pas exactement les dimensions de l’instrument, il serait plus prudent de se borner pour le moment à faire le massif sans établir les dernières pierres.
Je ne puis que regretter encore, Messieurs, d’être dans le cas de recourir si souvent à votre obligeance pour ce qui concerne l’observ[atoire] mais vous avez désiré vous-mêmes qu’on vous adressât les remarques qui pourraient devoir être faites à M. l’architecte et il est bien difficile d’indiquer dans une correspondance tous les menus détails qui se rapportent à un monument qui exige des constructions aussi particulières. Aussi ai-je dû [seulement ?] me borner à regret à n’indiquer toujours que les modifications absolument indispensables.
Il me reste encore, Messieurs, à vous adresser une demande relative au mur d’enclos de l’observatoire. Mr l’architecte m’a dit dans le temps qu’il s’étendrait en ligne droite le long du boulevard entre les deux sommets des angles rentrans que forme le mur extérieur de la ville ; de manière que l’enclos comprendrait encore une portion de terrain triangulaire qui se trouve actuellement en dehors de la palissade du côté de la porte de Louvain. Cette disposition serait en effet la plus avantageuse puisqu’elle donnerait un peu plus d’espace dans la ligne méridienne. C’est dans cette direction que se font presque toutes les observations, il importe donc que le public ne vienne pas se mettre devant l’observateur et le gêner au moment où il ouvre les fenêtres pour diriger ses instrumens ; il est aussi des observations qui doivent se faire en plein air, comme celles qui se rapportent à l’aiguille magnétique, comme la rectification des instrumens méridiens par la méthode de GAUSS, etc. et qui exigent un espace plus grand ; d’ailleurs cette disposition s’accorde beaucoup mieux avec ce qu’exige l’embellissement du boulevard et si j’en fais ici la demande, c’est que je crois qu’il vaut mieux pécher dans de pareilles affaires par excès que par défaut de prévoyance.