Calomnies

[ceci est minute de la réponse de Quetelet à la lettre de Van Gobbelschroy du 29 mars 1829]

[note moderne au crayon] 007-Bis

En vous offrant le 4e vol. de la Corr[espondance], je saisis l’occasion de vous renouveler l’expression de ma reconnaissance et je le fais avec d’autant plus d’empressement qu’on a cherché à me prêter des sentimens d’une tout autre nature. Je viens d’apprendre avec autant de surprise que d’indignation qu’un homme que j’ai cru pendant longtemps mon ami je connais avait donné le tour le plus odieux à quelques mots peut-être un peu durs, mais bien mérités, par lesquels j’ai répondu à Mr RAOUL des plaisanteries railleries de Mr RAOUL lors du dîner auquel vous m’aviez fait l’honneur de m’inviter ; il paraîtrait même que cette personne ne se serait pas bornée à répandre sourdement ces calomnies mais qu’elles les aurait portées jusqu’à Votre Excellence. Je n’entrerai pas dans les détails indignes de vous, Monseigneur, et j’oserai dire indignes de moi, mais je crois que ma conduite antérieure, même dans cette dernière circonstance, que la franchise avec laquelle j’ai eu l’honneur de vous parler doivent écarter le soupçon que je vous aurais insulté de la manière la plus brutale chez vous et à votre table. Des procédés aussi [lâches ?] ne sont pas dans mes habitudes et quoique je sois persuadé d’avance que Votre Excellence repoussera de pareilles calomnies, la reconnaissance me fait cependant un devoir d’aller au-devant de tous les soupçons d’ingratitude qu’on voudrait chercher à faire naître chez elle. Je m’aperçois un peu tard que ce n’est pas la première fois que de pareils propos ont été répandus contre

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moi et, chose étrange, elles semblent venir de la même source qu’une satyre [sic] odieuse dans laquelle on me reprochait au contraire de vous entourer des flatteries les plus basses. Vous jugerez dès lors, Monseigneur, quel est l’homme quels sont les hommes auxquels j’ai affaire et quelle est la conséquence qu’il met qu’ils mettent dans ces diffamations. Je ne le nommerai point, Votre Excellence le reconnaîtra assez tôt, car il paraît que je ne suis pas la seule victime qu’il voudrait immoler par de pareils moyens.

Je finis en suppliant Votre Excellence de me pardonner les détails dans lesquels je suis entré et de ne pas croire que j’aie attendu jusqu’à ce jour pour flétrir une vie que j’ose dire irréprochable par la plus noire ingratitude.

Je suis…

Je joins à la [présente] le prospectus d’un nouvel ouvrage qui vous prouvera que je suis plus occupé des sciences que de reconnaître les pièges qu’on me tend. Peut-être le pr—[présent ?] pourra-t-il ainsi vous être agréable.

[au bas de la page, à l’envers, et biffé, le début d’une autre lettre]

Monseigneur, C’est toujours avec un nouveau plaisir que je vous offre les résultats de mes travaux parce que c’est à vous que je dois en grande partie

Je vous prie, Mgr, d’agréer l’hommage d’un nouv. volume de la Correspondance math. [illisible]

 

Date: 
Lundi, 30 mars, 1829 - 00:00
Écrit par: 
A. Quetelet
Adressé à: 
Pierre Van Gobbelschroy, ministre de l'Intérieur
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