Lettre à M. le Bourgmestre de la ville de Bruxelles, sur la construction de l’Observatoire de Bruxelles.
Monsieur,
Pendant la vive commotion qui a renouvelé la face politique de ce pays, et pendant que votre attention était entièrement appliquée à réparer les maux qu’avait éprouvés la ville de Bruxelles par une secousse aussi violente, il ne vous a guère été possible de vous occuper de ce qui concerne les sciences et les beaux-arts. L’astronomie surtout, cette science si peu connue, quoique chacun ait des prétentions à la connaître, l’astronomie a dû se tenir à l’écart. Cependant, lorsqu’on a pu craindre qu’on ne sacrifiât aux intérêts matériels du moment l’avenir de notre observatoire, vous avez défendu généreusement cet établissement scientifique, et vous avez très bien montré que, même en l’ajournant, on compromettait son existence.
Du reste, l’opposition qui s’est manifestée chez quelques représentants, semblait provenir bien moins d’une disposition défavorable à la science, que du peu de renseignements qu’on avait en général sur tout ce qui se rattache aux travaux de l’observatoire et aux contrats passés par le Gouvernement précédent. C’est dans la vue de réunir ces renseignements, que j’ai écrit la lettre que j’ai l’honneur de vous adresser. J’ai sollicité, je l’avoue, de tous mes moyens l’érection d’un observatoire ; je crois même pouvoir assurer que le succès que j’ai obtenu, n’a été dû qu’à mes prières et à mes vives instances. Si j’ai pu me tromper, je me charge volontiers de toute la responsabilité ; la nation jugera si je l’ai engagée dans une folle dépense et si j’ai voulu quelque chose qui fût indigne d’elle. Notre observatoire tel qu’il est, appartient dès à présent à l’histoire de la science dans notre patrie, de même que les discussions auxquelles il a donné naissance.
Lorsque le célèbre LALANDE, à la fin du siècle dernier, parcourait les différents pays de l’Europe pour en visiter les observatoires, et qu’il consignait le résultat de ses observations dans le 4ème volume de l’Histoire des Mathématiques (1), voici comment il résuma en peu de mots tout ce qui avait été fait chez nous dans l’intérêt de l’astronomie. Dans les Pays-Bas autrichiens, actuellement français, l’astronomie ne paraît pas avoir été cultivée ; le seul observateur de ce pays est un gentil-homme anglais, M. PIGOTT qui, après avoir passé à Caen plusieurs années occupé de l’observation, et en ayant fait de fort curieuses sur les étoiles changeantes, s’était fixé, en 1772 et 1773, dans les Pays-Bas, pour y coopérer à un grand travail désiré par le gouvernement, qui consistait à rectifier la carte du pays, ce qu’il a fait gratuitement et même à ses frais. Une foule d’observations intéressantes pendant ce séjour, tant par M. PIGOTT que par son fils, dans toutes les parties des Pays-Bas, en ont été le fruit. On les lit dans le premier volume des Mémoires de l’Académie de Bruxelles. Mais MM. PIGOTT sont retirés aujourd’hui en Angleterre !
Certes, il vaudrait mieux en point avoir place dans l’histoire des sciences que d’en occuper une semblable ; et il n’est point de Belge aimant véritablement son pays, qui ne se sentît humilié à la lecture des lignes qui précèdent.
Tel était cependant encore l’état des choses en 1823, lorsque pour la première fois fut présentée l’idée de construire un observatoire en Belgique. Nous avions, il est vrai, trois universités richement dotées et plusieurs autres beaux établissements destinés à propager les sciences, mais nous n’en avions point encore qui fût spécialement destiné à les développer et à les agrandir. Les motifs que je présentai à l’appui de ma demande furent d’autant mieux appréciés, qu’ils étaient fondés sur des considérations d’équité, et qu’il devenait juste de nous accorder au moins un établissement astronomique, pendant que les provinces du Nord en comptaient plusieurs depuis long-temps.
D’ailleurs l’observatoire ne devait pas seulement être utile comme monument astronomique, il était destiné encore à présenter un puissant secours à la physique expérimentale dans ses recherches les plus délicates, surtout dans celles qui emploient le temps comme élément, de même qu’à la géographie, à la météorologie, à la navigation, aux sciences mathématiques, aux arts de précision, et en particulier à l’horlogerie si négligée parmi nous ; il devait présenter aussi les moyens d’effectuer la triangulation du pays, opération si désirable, puisqu’elle laisse encore une fâcheuse lacune dans le grand réseau de triangles qui unit actuellement tout le nord de l’Europe, et s’étend jusqu’en Sibérie ; et que de plus elle devenait naturellement une base fixe à laquelle venaient se rattacher tous les travaux du cadastre. Placé près du siège du Gouvernement, l’observatoire semblait appelé encore à être le centre d’un bureau des longitudes, le dépôt des étalons des poids et mesures, et le lieu destiné à vérifier les instruments et les chronomètres de la marine. Sous un autre point de vue, il pouvait être utilisé en exerçant à la pratique les jeunes gens qui, après avoir terminé leurs études, aspireraient à des emplois dans la marine ou dans d’autres branches qui exigent l’habitude de l’observation, et particulièrement pour ce qui se rapporte à l’astronomie et à la géodésie.
Ce fut à la suite d’un séjour assez long que je fis à Paris, et pendant lequel je me concertai avec plusieurs astronomes français, que je présentai un rapport détaillé sur l’utilité de la construction d’un observatoire à Bruxelles. Ce projet fut présenté au commencement de 1824 ; mais ce ne fut que plus de deux ans après que parut, en juin 1826, l’arrêté royal qui ordonnait la formation de cet établissement. Je fus en même temps chargé de m’entendre avec M. WALTER, inspecteur général de l’instruction, pour faire un projet à cet égard et un relevé des frais, que nous étions chargés de faire parvenir à M. WELLENS, alors bourgmestre de la Ville. La Régence de Bruxelles, de son côté, nous exprima la satisfaction que lui avait causé l’arrêté royal, et voulut bien nous présenter toutes les facilités désirables pour nous acquitter de notre mission (2). Elle nous avait offert l’aide de son architecte, que nous acceptâmes avec reconnaissance. Je m’empressai de communiquer à M. ROGET tous les renseignements qu’il jugea nécessaires, et je discutai avec lui les formes les plus avantageuses à donner au bâtiment. Je mis en même temps sous ses yeux les plans des observatoires les plus renommés de l’Europe, que je devais à l’obligeance de plusieurs astronomes étrangers. Malheureusement les occupations multipliées de M. ROGET, ne permirent pas de dresser les plans et de calculer les devis avec toute la promptitude désirable ; et quand ils furent terminés, il les remit directement à la régence de la ville qui se chargea de les communiquer au Gouvernement.
Ici cessa pour ainsi dire la part que j’ai eue à la construction de l’observatoire, car la régence parut prendre exclusivement à elle la direction de tous les travaux.
L’adjudication publique eut lieu à l’hôtel-de-ville le 10 mai 1827. Nous y assistâmes, M. WALTER et moi, comme simples témoins, et sans avoir été invités à y intervenir selon les pouvoirs qui nous avaient été délégués par le Gouvernement. L’entreprise des travaux fut adjugée à MM. GOFFART et compagnie, sous la condition de bâtir provisoirement jusqu’à concurrence de 20,000 florins des Pays-Bas, somme que la Ville et le Gouvernement s’engageaient à payer conjointement. Les travaux ne tardèrent pas à commencer ; je les suivis avec activité ; je crus même devoir soumettre à la régence différentes observations dans l’intérêt de la science ; mais il me fut répondu qu’il devenait impossible d’y avoir égard, et que les plans étaient irrévocablement arrêtés.
Fatigué de réclamer inutilement auprès de la Régence et auprès du Ministère, je crus de mon devoir de décliner toute espèce de responsabilité à l’égard des travaux de l’observatoire, et je le fis en effet d’une manière formelle dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur.
Je dois avouer néanmoins que mes observations portaient moins sur les constructions mêmes, qui se faisaient avec intelligence et avec de bons matériaux, que sur des travaux de détail qui intéressaient à un haut degré la stabilité et la conservation des instruments, ainsi que la promptitude et la commodité des observations.
Si j’insiste sur ces détails, c’est qu’ils feront mieux comprendre les difficultés qui se présentèrent plus tard quand on eut épuisé le fonds de fl. 20,000, et qu’il fut question de l’achèvement des travaux.
Ma présence devenait désormais à peu près superflue à Bruxelles ; je crus pouvoir mieux utiliser mon temps en visitant les principaux observatoires de l’Europe, en me mettant au courant des méthodes qu’on y suivait, et en établissant des relations scientifiques entre notre pays et les savants étrangers les plus distingués (3).
Je fus d’abord autorisé à me rendre en Angleterre ; le Gouvernement me chargea en même temps de lui faire des propositions pour l’acquisition des instruments qui nous devenaient nécessaires. Je cherchai à m’acquitter de cette mission délicate de la manière la plus convenable aux intérêts de la science et aux ressources du pays. Je pris l’avis des astronomes français et anglais les plus habiles, et je crus devoir demander au Gouvernement de n’acheter que peu d’instruments, mais de les prendre aussi parfaits que possible.
L’astronomie aujourd’hui est parvenue au plus haut point de perfection ; pour travailler d’une manière utile dans les intérêts de cette science, il faut les instruments les plus précis ; mais ces instruments de grande dimension ne peuvent être exécutés en Europe que par quelques artistes supérieurs avec des précautions et des soins infinis. Par là, leur prix doit nécessairement être très élevé.
D’après ces considérations, je crus ne devoir proposer au Gouvernement que l’achat de trois instruments principaux, à savoir : une lunette méridienne avec cercle, un équatorial et un cercle mural.
Ces deux derniers instruments furent effectivement commandés à Londres chez MM. TROUGHTON et SIMMS. L’équatorial pour la valeur de 450 guinées, et le cercle mural pour 700 guinées (4).
Quant à la lunette méridienne, elle fut commandée à Paris, chez M. GAMBEY, pour une valeur de fr.21,500. M. BOUVARD, de l’Institut de France, et l’un des astronomes de l’Observatoire de Paris, qui se trouvait alors accidentellement à Bruxelles, voulut bien se charger de cette négociation et signer le contrat pour le Gouvernement (5).
On commanda aussi deux pendules astronomiques, l’une chez M. KNEBEL à Amsterdam, et l’autre chez M. KESSELS à Altona, au Danemark.
Pendant mon voyage en Angleterre, j’avais en outre fait l’acquisition d’un assez grand nombre d’instruments de moindre dimension, qu’on avait payé sur le champ aux artistes, et que j’avais rapporté avec moi. Parmi ces instruments se trouvait un excellent appareil de TROUGHTON pour mesurer l’inclinaison de l’aiguille aimantée et un autre appareil du même artiste, pour observer à la fois la déclinaison et la variation diurne de l’aiguille. Je me suis servi de l’un et de l’autre, pour observer à Bruxelles les éléments de l’action magnétique de la terre, qui, pour le dire en passant, n’avaient encore été observés dans aucun lieu de ce pays.
J’avais également rapporté le pendule invariable dont s’était servi M. le cap. SABINE, dans son voyage scientifique aux régions polaires ; et que ce savant avait consenti à céder à notre observatoire. L’état du bâtiment n’a pas encore permis de mettre cet instrument précieux en expérience.
Jusque là, je ne possédais point d’instruments de météorologie ; je crus cependant utile de réunir tout ce qui était nécessaire pour cultiver avec fruit cette branche intéressante de la physique. Je jugeai qu’il serait surtout avantageux de former simultanément des observations sur différents points du royaume, avec des instruments comparés. Je parvins à déterminer plusieurs physiciens à me seconder dans cette entreprise pénible, et j’engageai le Gouvernement à faire l’acquisition des instruments nécessaires. On me remit en effet huit baromètres ; et plus tard, un même nombre de thermomètres et d’hygromètres que je m’occupai de vérifier et de comparer entre eux. Quelques-uns de ces instruments ont été distribués à des physiciens, sous condition de concourir à un ensemble d’observations ; d’autres pourront être distribués encore dans des stations importantes, telles qu’Ostende et Anvers.
Cependant, les travaux de l’Observatoire qui avaient commencé avec activité, se ralentissaient peu à peu ; et vers la fin de la seconde année, c’est-à-dire en 1828, la maçonnerie s’élevait à peine à la hauteur du premier cordon. Je me plaignis à plusieurs reprises de la lenteur des travaux, qu’on suspendit entièrement lorsqu’on eut épuisé le premier fonds de 20 000 florins. La Ville réclamait de nouveaux subsides ; et le Gouvernement se refusait à en accorder, alléguant les sacrifices qu’il était forcé de faire pour les instruments ; il soutenait d’ailleurs que, puisque la Ville avait jugé à propos de mettre en adjudication pour 60 000 florins de travaux au lieu de 20 000, c’était à elle de suppléer pour ce qui pouvait manquer encore. Il fut convenu en dernier lieu que, moyennant une nouvelle somme de 40 000 florins prêtée par le Gouvernement, la Ville de Bruxelles se chargerait de terminer les travaux. On reprit en effet les constructions, mais toujours avec les mêmes difficultés, toujours avec une lenteur désespérante. Le Gouvernement, sur mes instances réitérées, crut alors devoir fixer un terme pour l’achèvement des travaux, et la Régence s’engagea en effet à rendre le bâtiment habitable pour la fin de 1830.
Les toits étaient couverts, les croisées étaient en place ; et les travaux touchaient à leur fin ; lorsques les événements politiques qui éclatèrent à Bruxelles au mois de septembre de la même année, les firent cesser de nouveau et remirent un instant en doute l’existence de l’observatoire. Pendant la journée du 7 septembre, un parti de volontaires liégeois s’était jeté dans l’intérieur de l’observatoire; on tirailla par les fenêtres ; le sang coula en plusieurs endroits, mais le bâtiment résista à cette nouvelle épreuve des balles et des boulets.
On remit en place les carreaux qui avaient été cassés ; l’on répara les toits endommagés en quelques endroits (6) et de nouvelles démarches furent faites auprès de la Ville et du Ministère pour déterminer l’achèvement des travaux. Ce qui restait à faire s’élevait à la somme de fl. 6 000, valeur à peu près équivalente à ce qui devait rester de disponible sur les fl. 40 000 avancés en dernier lieu par le Gouvernement. Mais le trésor de la Ville était épuisé ; il fallut se réduire au strict nécessaire, et se borner pour le moment à n’achever que l’une des ailes, afin de mettre au moins les instruments à couvert, et de commencer les premiers travaux astronomiques. Ces constructions partielles ne devaient s’élever qu’à la somme de fl. 2 000, et le Gouvernement consentait encore à en faire les avances dans l’intérêt de ses instruments et du bâtiment qui commençait à souffrir et à se dégrader par l’humidité. La Régence sentit en effet la justesse de ces observations, et demanda le nouvel emprunt qui lui fut aussitôt accordé par un arrêté de M. le Régent de la Belgique, sur la proposition du Ministère de l’Intérieur.
Au moment où l’on s’attendait à voir recommencer les travaux, un nouvel incident vint encore renverser toutes les espérances, et fit naître de nouvelles entraves qu’on était loin de prévoir.
Les entrepreneurs exigèrent une somme de fl. , pour montant des dégâts faits au bâtiment de l’observatoire dans la journée du 7 septembre 1830, à savoir :
Pour réparation des croisées, toitures, plafonds, etc. : 2 355
Pour matériaux, portes, grillages, planchers, rampes d’escaliers, barreaux des fenêtres des caves et carreaux de Namur en train à la pose : 2 225
Un total de : 4 580
Je ne ferai aucune remarque sur cette estimation ; je désire aujourd’hui plus que jamais, me tenir en dehors de tout ce qui se rapporte à l’entreprise.
En faisant valoir leurs prétentions, les entrepreneurs refusèrent de reprendre les travaux, à moins que la régence ne reconnût préalablement que leur créance pour le montant des dégâts, était fondée, et alors même ils ne consentaient à achever le bâtiment qu’en prenant, sous forme d’acompte sur cette même créance les fl. 2 000 destinés à payer les travaux.
Ces nouvelles discussions amenèrent de nouvelles lenteurs, et firent naître un danger plus sérieux encore que tous ceux qui l’avaient précédé, puisqu’il ne s’agissait de rien moins que d’ajourner, ou en d’autres termes de laisser tomber en ruines l’observatoire, avant même qu’il ne fût achevé. Quelques représentants, surpris de voir figurer au budget un établissement qui n’était point encore en activité, lui refusèrent toute espèce de subside, et proposèrent d’envelopper dans la même disgrâce l’astronome et son observatoire (7).
Cette proposition m’a touché de trop près pour que je puisse ici, en mettant de mon côté les apparences de l’impartialité, vous témoigner mes remerciements, M. le Bourgmestre, ainsi qu’à plusieurs honorables députés, pour la chaleur avec laquelle vous avez défendu les intérêts de la science, invité à la Chambre à ne pas mettre le Gouvernement dans l’impossibilité de remplir ses engagements, et cherché à conserver au pays le seul monument astronomique qu’il possède.
J’ai essayé de rappeler en peu de mots les circonstances pénibles par lesquelles a passé l’Observatoire de Bruxelles, et tous les périls qui ont entouré sa naissance ; j’ai cru devoir vous faire grâce de quelques projets particuliers émis d’une manière peu sérieuse sans doute, et qui tendaient à convertir cet établissement scientifique en magasin à poudre, voire même en abattoir ; comme si l’on eût cherché à le faire passer par tous les obstacles, par toutes les épreuves les plus dangereuses qu’il était humainement possible de prévoir. Mais aujourd’hui, l’avenir des sciences se présente chez nous sous un aspect plus rassurant ; le temps est venu où nous verrons enfin l’observatoire consacré à sa véritable destination, contribuer à développer l’étude et le goût de sciences trop longtemps négligées parmi nous, et devenir un des établissements du royaume que l’étranger éclairé visitera avec le plus d’empressement.
C’est à votre zèle éclairé, Monsieur le Bourgmestre, que nous devons l’aplanissement des derniers obstacles qu’opposaient encore à la reprise des travaux, les prétentions de MM. les entrepreneurs. Ces travaux sont avancés à tel point, qu’un mois sera plus que suffisant pour les terminer. Dès à présent même je puis faire usage des salles qui sont en état de recevoir les instruments de moindre dimension (8). Mon désir le plus vif est de pouvoir sortir de l’inactivité forcée où je me suis trouvé ; de pouvoir remplir la mission qui m’est confiée ; et d’être à même de travailler d’une manière utile à la science. Comme citoyen, je dois rougir même du soupçon de pouvoir être rangé parmi les sinécuristes, vraie lèpre des budgets ; et, comme astronome, je ne dois pas oublier quelle responsabilité j’ai contracté devant le monde savant, en me chargeant d’organiser un observatoire et de créer tout, là où il n’existait rien encore pour l’astronomie d’observation.
Je vous prie, M. le Bourgmestre, etc.
[signé] A. Quetelet
Bruxelles, le 15 décembre 1831
(1) Histoire des Mathématiques de MONTUCLA, tome IV, page 353, in-4°, 1802.
(2) Voici un extrait de la lettre qui nous fût adressée en date du 9 juillet 1826. “Nous avons reçu cette communication avec beaucoup de plaisir, et nous avons prévenu notre architecte, M. ROGET, de vous aider de tous ses moyens, si sa coopération pouvait vous être utile.”
(3) J’ai donné dans les volumes IV, V et VI de la Correspondance mathématique des notices sur les observatoires de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Allemagne ; je ne tarderai pas à publier celles qui se rapportent aux observatoires de l’Italie et du royaume de Naples, où je me trouvais au moment où éclatait la révolution en Belgique.
(4) Ces deux instruments sont très avancés. Plusieurs astronomes anglais, parmi lesquels je citerai MM. SOUTH et HERSCHEL ont bien voulu s’intéresser à leur construction, ce dernier savant écrivait vers le milieu de 1830 que l’équatorial pourrait être livré à l’époque de la Noël de la même année, et le cercle mural dans le courant de 1831. Les artistes ont écrit depuis pour annoncer que les instruments étaient effectivement avancés, et exprimaient en même temps le désir d’obtenir un acompte sur les avances qu’ils avaient été forcés de faire.
(5) M. GAMBEY reçut avant la révolution un acompte de fr.12,000 sur son instrument qui était terminé. Le budget de 1831 accorde les fonds nécessaires pour payer complètement cet instrument, ainsi que la pendule de M. KESSELS. Quant à la pendule de M. KNEBEL, elle doit être payée depuis longtemps, et se trouve déposée à l’observatoire d’Utrecht.
(6) Du reste les croisées, les murs, les plafonds et les boiseries mêmes sont maintenant encore dans le même état à peu près où les a laissés la journée du 7 septembre.
(7) La commission du budget proposa en effet de refuser les subsides pour 1832 ; mais M. DE THEUX, qui en était président, déclara ensuite dans les termes les plus bienveillants, qu’il n’insistait pas sur cette suppression ; lui-même aujourd’hui, comme ministre, pourra mener à fin ces travaux, qui ont vu se succéder sept ministères différents.
(8) Je ne tarderai point à pouvoir ouvrir aux amis des sciences, la bibliothèque de l’Observatoire, qui, bien qu’à sa naissance, s’est enrichie déjà de dons précieux offerts par des savants étrangers, et d’ouvrages qu’on chercherait vainement dans les autres bibliothèques du royaume ; je me ferai également un plaisir d’y joindre ma propre collection et les nombreux journaux scientifiques que je reçois. Cette ressource peut être utile dans une ville, où se trouve à la vérité une bibliothèque de près de 140,000 volumes,et de plus de 60 000 manuscrits, mais qui loin de posséder des journaux scientifiques, n’a pas même les ouvrages les plus marquants que la science a produit dans ces derniers temps. Le Ministère, pour me seconder dans ces vues, a consenti dès à présent à nommer et à installer à l’observatoire, la personne qui doit servir d’aide et de concierge.
(Extrait de la Correspondance Mathématique et Physique de l’Observatoire de Bruxelles, 2è liv, tome VII, Année 1831).