Détachement d’officiers du génie à l’Observatoire

Bruxelles, le 2 mars 1840

Monsieur le Ministre,

J’ai appris avec reconnaissance les sentimens bienveillants que vous avez témoignés à l’égard de l’Observatoire et les facilités que vous voulez bien présenter à cet établissement pour continuer avantageusement ses pénibles travaux.

Quelqu’agréable que m’eût été la coopération de M. CARETTE, je connais fort bien les difficultés qui s’opposeraient actuellement au déplacement de cet officier. Les mêmes obstacles n’ayant pas lieu à l’égard de M. LIAGRE, j’ose vous prier, M. le Ministre, de vouloir bien l’autoriser à me prêter officieusement son aide ; M. le colonel DE PUYDT à qui M. LIAGRE se trouve actuellement attaché, a bien voulu m’assurer que le service n’en souffrirait aucunement et M. LIAGRE m’a fait connaître de son côté qu’il serait charmé d’utiliser utilement ses loisirs.

Au défaut de M. CARETTE, M. MARNEFFE qui a fait avec distinction ses études à l’Ecole militaire et qui se trouve attaché à M. le colonel DUTILLOEUL m’a témoigné également le désir de se livrer aux travaux de l’Observatoire.

Avant d’avoir l’honneur de vous soumettre une demande à ce sujet, M. le Ministre, je me suis empressé de consulter d’abord M. DUTILLOEUL qui m’a répondu que cet arrangement pourrait bien fort se concilier avec le service, qu’il a auprès de lui un officier instruit qui pourrait lui suffire pour la plupart des travaux et que M. MARNEFFE pourrait alors donner à l’Observatoire une grande partie de son temps. Cette combinaison me conviendrait d’autant mieux que j’ai lieu de craindre que M. LIAGRE, malgré sa bonne volonté et malgré tout le zèle dont il est animé pour la science, ne pourra peut-être pas me seconder aussi activement qu’il le voudrait.

J’ose donc vous prier, Monsieur le Ministre, d’accueillir favorablement cette seconde demande. Les travaux de l’Observatoire d’ailleurs ne sont pas en dehors du service de l’officier du génie et ce n’est pas à un général de cette arme, surtout si l’on donne suite au projet si souvent reproduit de faire une triangulation et une carte exacte du pays. Mais je n’insisterai pas sur ces motifs auprès d’un officier distingué qui peut mieux que personne apprécier la valeur des connaissances qui conviennent au corps scientifique auquel il appartient à l’arme savante à laquelle il appartient.

Je saisis cette occasion, M. le M[inistre], pour vous présenter l’hommage de mes sentimens très respectueux.

Le Dir.[ecteur] de l’Obs.[ervatoire]

Datum: 
maandag, 2 maart, 1840 - 00:00
Geschreven door: 
A. Quetelet
Gericht aan: 
Jean-Pierre Willmar, ministre de la Guerre
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