Création et organisation d’un Bureau météorologique

Bureau météorologique
2 Annexes
[À] Monsieur le Ministre de l’Intérieur
Bruxelles, le 13 avril 1855
Monsieur le Ministre,
Par sa lettre du 21 mars dernier n° 1836/7775, 5e division, votre prédécesseur a bien voulu me faire connaître qu’il se proposait de régulariser, au moyen d’un bureau météorologique, les trois services spéciaux qui sont venus se joindre successivement aux travaux de l’Observatoire. Il me demandait en même temps un projet de règlement pour l’organisation du nouveau bureau, ainsi qu’une indication des dépenses présumées.
Dans ma pensée, Monsieur le Ministre, un arrêté royal devrait compléter celui qui a créé, le 15 mai 1851, un dépôt d’instruments d’astronomie et de météorologie à l’Observatoire de Bruxelles, en vue de favoriser les études climatologiques dans leurs rapports les plus intimes avec l’agriculture, l’hygiène publique et les sciences d’observation en général.
Ce nouvel arrêté organiserait, auprès du dépôt des instruments, un bureau météorologique composé d’un aide météorologiste et d’un employé surnuméraire, placés, tous deux, sous les ordres du Directeur de l’Observatoire.
L’aide météorologiste serait chargé principalement :
1° de la surveillance en sous ordre et de la tenue d’un registre exact de tous les instruments en dépôt ou distribués dans les stations météorologiques du royaume.
2° de vérifier et de comparer les instruments au moment de leur sortie, comme au moment de leur entrée dans le dépôt.

3° de recueillir et de contrôler toutes les observations faites dans les douze stations du pays ; de les réduire en tableaux généraux pour les livrer à l’impression.
4° de faire des dessins graphiques pour comparer toutes les observations entre elles et à celles des autres pays.
5° de surveiller la partie matérielle des impressions, de corriger les épreuves, etc.
6° de dresser les tableaux spéciaux de météorologie et de physique du globe, demandés en communication par les sociétés savantes, les administrations, les journaux, ou de simples particuliers, soit à l’étranger, soit dans l’intérieur du pays.
L’employé surnuméraire prendrait part aux travaux de détails, soit pour la transcription, soit pour les calculs de moyennes, etc.
Le Bureau serait ouvert de dix heures du matin à 4 heures de l’après-midi, nonobstant les travaux extraordinaires qui pourraient exiger la présence des employés à d’autres époques de la journée.
Pour le surplus, le règlement de l’Observatoire leur serait applicable.
J’estime que la dépense s’élèverait à la somme suivante :
pour l’aide météorologiste fr 1 400,00
pour impression du recueil et frais de bureau 1 400,00
pour voyages d’inspection ou de contrôle des instruments
200,00
3 000,00

En ce qui concerne l’employé surnuméraire, un subside, sur le fonds d’encouragement pour les sciences, pourrait lui être donné à la fin de l’année, si l’on avait lieu d’être satisfait de son travail. Je pense que jamais subside ne pourrait être accordé sous de meilleures garanties.
Tel était à peu près le plan que je m’étais formé, après examen de ce qui se passe dans les différents états d’Allemagne, en Hollande, en France, &a. Je dois ajouter que j’ai pris les chiffres minima. Cependant je crois qu’on peut réduire encore la dépense, en ayant égard aux observations présentées à ce sujet dans la dernière séance de l’Académie royale de Belgique.

J’ai cru devoir informer la Classe des sciences que je me trouverais désormais dans l’impossibilité de faire pour ses Mémoires, les résumés des observations sur la météorologie et sur les phénomènes périodiques du règne végétal et du règne animal si l’on ne me venait en aide. Ce système d’observations si intéressant, inauguré en Belgique et qui s’est étendu à peu près sur tout le globe, a pris des proportions trop grandes pour que je puisse le mener de front avec mes autres travaux (voir l’annexe).
L’Académie a compris mes motifs et a cru, dans l’intérêt des sciences, devoir recommander ces observations d’une manière spéciale à l’attention du gouvernement ; ce serait donc une quatrième branche de la climatologie à joindre aux travaux du Bureau météorologique.
Je crois devoir en indiquer encore une cinquième, c’est celle qui se rapporte aux naissances et aux décès dans leurs rapports avec les saisons. On aurait ainsi un ensemble de faits que ne comprennent pas les publications étrangères, et ici encore nous aurions l’initiative.
Il n’y a eu qu’une voix pour adopter un pareil plan ; quelques divergences se sont manifestées sur les moyens d’exécution, surtout dans des vues d’économie. Je n’en mentionnerai qu’une seule parce qu’elle mérite considération. Elle est d’un honorable membre de l’Académie qui siège auprès du Sénat, M. de SELYS LONGCHAMPS. Dans sa pensée, le cadre des travaux de l’Observatoire devrait être élargi et le Bureau météorologique ne devrait pas en faire une partie distincte. Il y aurait en effet quelqu’économie à réunir les deux services, parce que l’on pourrait comprendre les tableaux météorologiques du pays dans les annales de l’Observatoire ; et, en augmentant le traitement de Mr BOUVY, l’aide observateur, lui demander un temps double de celui qu’il donne actuellement à l’Observatoire, comme je l’ai proposé déjà. De cette manière il deviendrait superflu de nommer l’aide météorologiste.
Je crois cette combinaison réalisable, mais le budget de l’Observatoire, en usant de la plus grande économie, devrait être porté au moins à 25 000 francs. Je maintiendrai néanmoins le

projet tel qu’il a été présenté précédemment en isolant le Bureau météorologique de l’Observatoire qui est un établissement tout à fait distinct ; seulement il serait dit que Mr BOUVY, aide observateur de l’Observatoire, remplirait les fonctions d’aide météorologiste moyennant une indemnité de 1 000 francs. Ses heures de travaux seraient réglées par le Directeur de l’Observatoire.
Tel est, Monsieur le Ministre, le plan que j’ai l’honneur de vous présenter et que je crois digne de fixer votre attention. S’il y a une objection à y faire, je crois qu’elle se trouve surtout dans un désir excessif d’arriver à des économies peut-être préjudiciables à la réussite du plan.
Agréez &a

Datum: 
vrijdag, 13 april, 1855 - 00:00
Geschreven door: 
A. Quetelet
Gericht aan: 
Pierre De Decker, ministre de l’Intérieur
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