Rétributions du personnel auxiliaire de l’Observatoire

Bruxelles, le 10 avril 1844

Monsieur le Ministre,

Permettez-moi de vous présenter quelques réflexions au sujet de votre la lettre confidentielle que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 5 avril, 6e division n° 2176.

Vous voulez bien reconnaître avec moi, M. le Ministre, que mes aides ne sont pas convenablement rétribués ; mais vous faites remarquer que quelques-uns reçoivent encore des indemnités pour d’autres fonctions. N’est-il il est [sic] évident que l’état défavorable dans lequel ils se trouvent, devra toujours amener de pareils résultats ? Mes aides Quel est l’homme qui avec du mérite et il faut en avoir dans leur position quel est l’homme consentira à consacrer ses jours et ses nuits pour un maigre traitement de 1 200 francs ?

Mes aides d’ailleurs sont tenus, comme dans les autres administrations, de se retrouver à l’Observatoire de 9 à 4 heures. Je fais une remise de la moitié de ce temps en faveur de ceux qui consacrent deux soirées et deux nuits par semaine, aux travaux d’observation ; cet échange n’est certes pas à l’avantage des aides.

Comme directeur de l’Observatoire, je dois veiller à ce que les travaux de cet établissement s’exécutent avec soin et régularité ; et je ne m’occupe pas de ce que font les aides en dehors de ces travaux. D’ailleurs il m’est impossible de distinguer parmi ceux qui ont d’autres ressources et ceux qui n’en ont pas. En effet, ces ressources peuvent être de différentes natures, l’un peut avoir de la fortune ; un autre peut exercer une industrie, être militaire. S’il donne des leçons, ce peut être dans une institution privée, ou dans un établissement de l’État. Je n’ai pas les éléments nécessaires pour établir les comptes de chacun ; tout ce que je peux et je dois faire, c’est de répartir les travaux de manière équitable entre les différents aides.

Je me permettrai cependant, M. le Ministre, de faire observer que la position de mes aides à l’Observatoire n’est pas si avantageuse que vous paraissez le croire.

Je ne parlerai pas de M. BOUVY, puisque vous reconnaissez ses droits à une indemnité.

Pour ce qui concerne M. LIAGRE, cet officier en sa qualité de répétiteur pour mes cours d’astronomie et de géodésie à l’Ecole militaire, cet officier aurait droit à une indemnité annuelle de 800 francs. Or, parmi tous les officiers attachés à cet établissement, seul, il ne touche de ce chef aucune indemnité et cette exception à son égard a été prise en considération des fonctions qu’il remplit à l’Observatoire. M. LIAGRE ne reçoit donc effectivement aujourd’hui que la modique somme de 400 francs pour les services qu’il me rend. Cependant son travail est le même que celui de M. BOUVY, et je dois ajouter qu’il serait impossible de remplir ses fonctions avec plus d’exactitude qu’il le fait.

M. BEAULIEU, après quelque temps d’exercice, s’est aperçu que sa santé ne lui permettait plus de continuer les travaux de nuit et m’a demandé la permission de se faire remplacer par M. LEFÈVRE, avec qui il partage son traitement, de sorte qu’il ne lui reste pour l’entretien et la surveillance des instrumens que la moitié, je crois, de la somme qui lui est allouée.

Pour ce qui concerne M. MAILLY, je le répète, M. le Ministre, je dois m’abstenir d’examiner ce qu’il peut recevoir en dehors de l’Observatoire, je ne me suis préoccupé que de ses travaux dans l’établissement, et je dois avouer qu’il les remplit à ma très grande satisfaction. Il est tenu de venir à l’Observatoire de 9 à 3 heures ; et très souvent il remplace le soir ou la nuit les autres aides quand ils sont retenus par des maladies ou d’autres empêchements. C’est ce qui arrive encore en ce moment, il occupe pendant la nuit la place de M. BOUVY qui, depuis six semaines environ, a été retenu chez lui par une maladie assez grave. Quelle que soit la position de M. MAILLY en dehors de l’établissement, je croirais manquer à l’équité si une exception était faite à son préjudice dans les avantages que je crois dus à mes aides.

Agréez &a

Datum: 
woensdag, 10 april, 1844 - 00:00
Geschreven door: 
A. Quetelet
Gericht aan: 
Jean-Baptiste Nothomb, ministre de l'Intérieur
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