Besoins en instruments du Cabinet de physique du Musée, nécessité d’un conservateur

[page 1]

Lorsque les leçons de physique furent rétablies au Musée, le cabinet contenait un grand nombre d’instrumens anciens, utiles sans doute pour l’histoire de la science, mais incapables de servir pour les expériences. Il s’y trouvait aussi beaucoup d’instrumens modernes, mais la plupart appartiennent plutôt à ce que l’on nomme la physique amusante. On voyait très peu ou plutôt point de ces instrumens de précision, propres à donner les poids et les mesures et à montrer la minutieuse exactitude, sans la quelle [sic] on ne peut aujourd’hui rien produire de bon et d’utile. Mesurer et peser, voilà toute la physique, dit le célèbre BIOT ; or, nous n’avons presque rien qui puisse servir à ce but dans notre cabinet du Musée. Le peu d’instrumens de précision que nous possédons ont été acquis dans ces derniers temps.

La commission du Musée, ayant égard à cette lacune, avait résolu d’ajouter au peu de fonds alloués au cabinet de physique, le produit de la vente de quelques instrumens qui se trouvaient en double et d’autres qui étaient moins utiles. Elle avait résolu de vendre à l’Université de Gand un des deux planisphères, sauf l’approbation de la Régence de Bruxelles. Mais cette résolution ne fut pas également approuvée et la Régence décida qu’il vaudrait mieux donner un surplus de fonds au cabinet de physique si le besoin était réellement urgent. Or, c’est sur cette promesse de la Régence, que nous fondons l’espoir d’obtenir

[page 2] les instrumens les plus nécessaires, ceux sans lesquels un cours de physique sera toujours incomplet ; puisque le professeur se trouvera hors d’état de reproduire des expériences fondamentales. Pour les principaux de ces instruments :

Une bonne balance pour les pesées d’une grande exactitude.

Une balance de Coulomb pour apprécier l’intensité de l’électricité.

Des aiguilles d’inclinaison et de déclinaison magnétiques pour répéter des expériences qui nous manquent encore pour Bruxelles.

De bons baromètres et thermomètres.

Un héliostat pour toutes les expériences sur la lumière.

Des lunettes dioptriques (il ne s’en trouve pas une seule au musée).

Un manomètre.

Un modèle de machine à vapeur et un grand nombre d’autres instrumens pour la théorie des vapeurs.

Des instrumens pour la théorie des fluides et particulièrement pour tout ce qui concerne l’écoulement des fluides par différens ajustages, partie exceptionnellement importante de la physique pour ses nombreuses applications. &a &a

Jusqu’à présent, faute d’avoir un aide, le professeur a été réduit, tout en donnant des leçons, à préparer lui-même ses expériences ou à avoir recours, en cas de besoin, à la complaisance de ses auditeurs. On conçoit combien cet état de choses est nuisible à l’enseignement et peu en harmonie avec la

[page 3] position d’un musée tel que celui de Bruxelles. Il serait donc à désirer que l’on eût un aide mécanicien qui fût tenu d’entretenir les instrumens en bon état, et que l’on eût toujours à disposition pour les raccommoder s’ils venaient à se casser ou pour en faire de nouveaux en cas de besoin, sans exiger d’autre salaire que celui de la main d’œuvre quand les matériaux lui seraient fournis. Peut-être pourrait-on jeter les yeux sur Mr SACRÉ, horloger et mécanicien qui a déjà fait différens instrumens pour le Musée et qui a toujours satisfait par son travail et la modicité des prix.

[note en bas de page] Le planisphère était évalué 800 flor.

Datum: 
vrijdag, 23 januari, 1829 - 00:00
Geschreven door: 
A. Quetelet
Gericht aan: 
Ville de Bruxelles
Image: