Reprise des travaux au bâtiment, placement des instruments, aménagements divers

[Annotation au centre en haut de la page, encre brune] 2 N° 3658 [paraphe illisible]

[Annotation postérieure] N° 1

Observatoire de Bruxelles n° 20

A Monsieur Payen, architecte de la Régence de la Ville de Bruxelles

Monsieur,

D'après la conversation que nous avons eue relativement à l'Observatoire, j'ai l'honneur de vous transmettre différentes observations sur les travaux que l'on a repris depuis peu. La plupart de ses observations avaient déjà été adressées précédemment soit à la Régence soit à M[onsieu]r ROGET votre prédécesseur. Comme vous pourriez ne pas avoir mes lettres sous les yeux, j'ai pris la liberté de vous en adresser des extraits d'après les minutes que j'ai conservées.

(Note sur les tourelles, extraite de ma lettre du 25 mars 1830 à MM. les Bourgmestre et échevins).

"On a déjà construit sous l'un des toits mobiles des deux tourelles une colonne cylindrique en maçonnerie pour le placement d'un instrument qui doit servir aux observations vers l'horizon. Un autre instrument dont on achève actuellement la construction à Londres doit être placé sous la seconde tourelle ; mais sa forme est telle qu'il serait impossible de l'établir d'une manière stable sur un pilier cylindrique semblable à celui qu'on a construit dans l'aile opposée. Cet instrument en effet se compose d'une lunette et de deux cercles gradués fixés sur un axe de 9 à 10 pieds de longueur qui doit être placé dans le plan du méridien et parallèlement à l'axe de la terre ; et dont les deux extrémités doivent être appuyées d'une manière très stable. Une colonne cylindrique d'une aune de diamètre serait donc insuffisante; il faudrait au moins un diamètre double. En fesant [sic] ce massif en forme de cône tronqué creux, comme à Altona et à Hambourg, on satisferait fort bien à ce qu'exige le placement de l'équatorial sans augmenter la dépense des matériaux. Je crois inutile de répéter que l'escalier et le plancher sur lequel se trouve l'obs-

[dessin en marge] Axe de l'équatorial

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servateur, doivent être entièrement indépendant du massif.
J'ose insister d'une manière d'autant plus pressante sur l'utilité de cette construction que si l'autre avait malheureusement lieu, on se trouverait dans la nécessité de la détruire plus tard, pour refaire un pilier nouveau. La dépense qui serait nulle actuellement serait assez considérable alors et on devrait la regretter d'autant plus qu'il était plus facile de la prévoir.

Comme nous ne connaissons pas exactement les dimensions de l'instrument, il serait plus prudent de se borner pour le moment à faire le massif sans établir les dernières pierres."

Malgré mes observations, la seconde colonne a été construite. Comme il est encore facile de remédier à cet inconvénient, j'ai cru devoir vous le signaler en temps utile. Il faudrait surtout que l'escalier fut extérieur à la tourelle ; il ne resterait pas assez de place pour le massif.

(Note sur les piliers de la lunette méridienne, extraite de ma lettre du 1er juillet 1829 à MM. le Bourgmestre et échevins)

"J'ai l'honneur de vous faire parvenir les dimensions des piliers destinés à porter la lunette méridienne d'après le dessin que Mr GAMBEY vient de m'adresser par l'intérmédiaire de Mr BOUVARD. Les dimensions indiquées sur le papier ci-joint devraient être exactement observées. les deux parties figurées en haut représentent les projections horizontales des colonnes. la longueur focale de la lunette est de 7 p[ieds] 8 pouces dont la moitié est de 3 p. 10 pouces ou 1m25. Ainsi la colonne ayant 1m455 de hauteur et la lunette étant dirigée au zénith, l'oculaire ne serait au-dessus du sol que de 0m20. L'artiste français suppose qu'on partiquerait un escalier au-dessous de la lunette comme on a fait à Paris. Cette disposition est peu commode et je préférerais celle des Anglais. En conséquence il suffirait de faire passer le plan horizontal sur lequel on marche et qui doit être indépendant du massif à 40 centimètres plus bas que dans le dessin, ce qui donnerait aux piliers une hauteur de 1m855 au-dessus du sol : les piliers, d'une pièce chacune [sic], devrait être choisies [sic] avec soin : leur base serait encastrée dans une pierre de grande dimension, fesant [sic] système avec eux et reposant sur le massif. Le plancher sur lequel on marche ne devrait tenir en rien au massif ni aux piliers de la lunette."

"Je donnerai plus tard le dessin de l'artiste anglais pour le cercle mural ; on peut cependant dresser très bien dès à présent les piliers de la lunette méridienne du coté oriental de la salle".

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Ma lettre ayant été égarée, on m'a redemandé les mêmes détails que j'ai reproduits dans une nouvelle lettre le 19 mars 1830. Je ferai observer dès à présent qu'il faudrait que la planche du plancher qui recouvre le massif entre les deux piliers de la lunette méridienne put être enlevée à volonté de manière à mettre à découvert un baquet de mercure placé sur le massif et qui sert aux observations par réflexion.

(Note sur les fenêtres et cheminées du pavillon situé à l'est, extraite de ma lettre du 25 février 1830.)

"j'ai déjà fait l'année dernière, l'objet spécial d'une lettre de quelques observations sur la manière dont l'aile vers l'est serait éclairée et chauffée. La grande salle située vers le sud, est destinée à recevoir les instrumens mobiles ; on y fera les observations des occultations. Cependant il n'y a pas de fenêtres percées vers l'est. Je ne vois pas non plus ni dans cette aile, ni dans la partie centrale aucune cheminée qui permette d'y faire du feu : cependant l'observateur doit s'y tenir continuellement pendant les rigueurs des hivers. L'aile de l'est peut d'ailleurs être habitée plus tard par un adjoint ou par d'autres personnes que le gouvernement pourrait juger convenable d'attacher à l'établissement : ne serait-il pas convenable alors d'y pratiquer ce qu'exigent les premiers besoins de la vie."

Ces observations avaient déjà été faites antérieurement dans ma lettre du 1er juillet 1829. Si les détails précédens, destinés à l'architecte, ont été adressés à Mr le Bourgmestre, c'est que cette voie m'avait été indiquée par la Régence. Vous retrouverez sans doute dans vos archives, les papiers dont je parle.

Ayant eu depuis l'occasion de me procurer au Ministère de l'Intérieur les devis des travaux : j'ai vu en effet que 10 fenêtres devaient être construites au rez-de-chaussée et 14 au premier étage, tandis qu'il ne s'en trouve que six d'un côté et sept de l'autre. C'est donc à tort que l'on a muré onze fenêtres. Je ne les crois cependant pas toutes nécessaires : il me paraît par exemple, que, dans le bas, on pourrait en laisser deux fermées dans la salle destinées à donner les leçons. Trois fenêtres y suffiraient. Mais il n'en est pas de même dans la salle du dépôt des instrumens; d'où l'on doit pouvoir observer aussi les occultations des étoiles ou les autres phénomènes qui ont lieu à l'orient.

On pourrait aussi se dispenser de poser de nouvelles fenêtres au premier dans la chambre située au nord et qui est destinée à recevoir la bibliothèque. Un plus grand nombre de fenêtres nuirait au placement des livres.

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Je trouve aussi porté au devis, un égout ayant un développement de 40 aunes : cette partie est essentielle dans un lieu où il ne se trouve aucun écoulement pour les eaux.

Je vous prierais aussi d'examiner ce qui concerne les mansardes dans le pavillon que j'habite.

Recevez je vous prie, Monsieur, l'expression de mes sentiments très distingués.

Le Directeur de l'Observatoire,
[signé] Quetelet

Bruxelles le 16 juillet 1832

Datum: 
maandag, 16 juli, 1832 - 00:00
Geschreven door: 
A. Quetelet
Gericht aan: 
Auguste Payen, architecte de la ville de Bruxelles
Image: 

Archief: