Réglage des horloges à Liège

[note de Quetelet] Répondu le 26 sep.
Liège, le 27 août 1857
Monsieur le Directeur,
Je prends la liberté de m’adresser à vous pour obtenir quelques renseignements sur la manière de régler les horloges publiques à Bruxelles et ailleurs, et j’ose espérer que vous voudrez bien me faire l’honneur de me donner les indications qui me sont indispensables.
Dans une des dernières séances du conseil communal de Liège, un membre a fait des observations sur le désaccord qui existe entre l’horloge de la cathédrale et celle de la station du chemin de fer.
Comme j’ai la responsabilité de ce que fait l’horloger placé sous

ma direction, j’ai répondu moi-même à cette accusation par la voie des journaux. J’ai dit en substance que l’horloge de la cathédrale suivait le méridien de Liège, un degré à l’est de Bruxelles, qu’elle suit les tables d’équation du temps moyen, et qu’elle doit conséquemment être toujours en avance de quatre minutes sur Bruxelles.
Voici maintenant le motif pour lequel j’ai l’honneur de m’adresser à vous.
Lorsque le télégraphe électrique a été établi, j’ai vérifié si le cadran solaire de la cathédrale et celui qui est chez moi étaient bien exactement posés, et j’ai trouvé qu’en effet ils l’étaient bien à 4 minutes de différence. Mais depuis quelque temps l’horloge de

la station du chemin de fer est en retard de près de dix minutes et cela constamment. Les dépêches télégraphiques annoncent aussi en note, que toutes les villes de Belgique sont en avance sur l’heure de l’administration. Or, c’est une chose dont je ne connais pas le motif ; et je vous serai très reconnaissant si vous voulez bien me dire si l’administration suit l’heure exacte de l’Observatoire de Bruxelles et si l’avance de dix minutes que je remarque depuis quelque temps est trop grande et si je dois changer la position de nos cadrans.
Dans le cas ou cela devrait être, j’ose vous demander de vouloir me fixer un jour de beau temps à dix heures du matin afin

qu’une personne sûre déléguée par vous vienne me donner l’heure de l’Observatoire de Bruxelles par le télégraphe électrique. Je pourrais au moyen d’une bonne montre contrôler mon cadran à midi. Il est entendu que vous me donneriez l’heure en temps moyen.
Lorsque j’irai à Bruxelles j’aurai l’honneur d’aller moi-même vous exprimer ma reconnaissance.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de ma plus haute considération.
[signé] T.J. Devroye, chanoine