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Bruxelles, le 12 décembre 1857
Rapport sur les travaux de l’Observatoire 1857
Monsieur le Ministre,
Je vais avoir l’honneur de vous présenter un aperçu des principaux travaux qui ont été faits, pendant le cours de 1857, dans l’établissement scientifique confié à mes soins. J’ose espérer d’une autre part que vous ne verrez pas sans intérêt, les témoignages de bienveillance et d’estime que l’Observatoire s’est acquis et les entreprises scientifiques auxquelles il a pris part avec les nations les plus éclairées.
Astronomie
Le manque complet d’observations dans nos provinces jusqu’au moment de la création de l’Observatoire, n’a pas permis dans les premiers temps de donner à l’astronomie la part des travaux qui lui appartient : nous ne possédions pour tout le royaume ni les éléments d’une météorologie ni ceux d’une physique du globe ; ces deux sciences, qui devaient nécessairement précéder les travaux astronomiques, ont exigé nos premiers soins. Depuis quelques années seulement, il a été permis de donner à l’Observatoire toute l’attention qui lui est due. Parmi les travaux nombreux qu’exige l’astronomie, la détermination des ascensions droites et des déclinaisons des étoiles doubles et des étoiles à position variable, a spécialement occupé nos travaux. Quelques observatoires seulement ont pu s’occuper de ces travaux astres qui exigent des soins tout particuliers et des instruments d’une force peu commune.
Les travaux qui se font maintenant donnent à la fois la déclinaison et l’ascension droite de ces astres, tandis que, pendant les années antérieures, on s’était moins occupé de la simultanéité de ces observations.
Les calculs astronomiques se font par les soins de Mr MAILLY et de mon fils, qui a quitté le génie militaire pour prendre part à nos travaux. J’espère, pendant le cours de l’année prochaine, pouvoir produire grâce à leurs soins les résultats calculés pour les années 1855 et 1856. Les travaux des quatre années de 1850 à 1854 inclusivement, seront donnés plus tard.
Les observations aux instruments astronomiques et météorologiques se font par MM. BOUVY, HOOREMAN et par mon fils, en suivant la marche que j’ai indiquée précédemment ; c’est le premier de ces observateurs qui est chargé de réduire les observations de météorologie.
Les publications qui auront paru dans le cours de cette année sont:
Les tomes XI et XII des Annales de l’Observatoire 1857, in-4°
Le tome XXV de l’Annuaire de l’Observatoire pour 1858, in-18.
M MAILLY m’a puissamment secondé dans la première partie de l’Annuaire de l’Observatoire ; mon fils ne m’a pas moins secondé dans la partie qui se rapporte aux notices.
Géodésie
Depuis l’invention de la télégraphie électrique, à laquelle notre Observatoire n’a cessé de prendre la part la plus active, nous nous sommes attachés à suivre toutes les entreprises scientifiques qui reposent sur l’intervention de cet élément important.
La longitude de notre Observatoire avait été déterminée par différents procédés ; mais celui que je regarde comme le plus sûr, est donné par la télégraphie électrique : il fixe notre longitude à
17’ 28’’,9
à l’orient de l’Observatoire royal de Greenwich, d’après le travail récemment fait entre les deux observatoires et par les travaux réunis de ces deux établissements. (1)
Une nouvelle détermination a eu lieu, cette année, entre l’Observatoire royal de Berlin et celui de Bruxelles. M. le Directeur ENCKE a bien voulu joindre ses efforts aux nôtres pour cet objet ; il était secondé, à Berlin, par ses deux aides, MM. BRUHNS et FOSTER, tandis qu’à Bruxelles j’étais aidé par mon fils. Pour assurer les comparaisons ensuite, MM. BRUHNS et Ernest QUETELET se sont comparés mutuellement aux lunettes méridiennes de Berlin et de Bruxelles.
D’après des conventions arrêtées, plusieurs travaux analogues doivent s’exécuter encore entre l’Observatoire royal de Bruxelles et les observatoires impériaux de Paris, St Pétersbourg et Vienne.
Météorologie
Il n’existait pas de traité spécial sur la météorologie en Belgique ; on peut même dire qu’il n’existait guère d’observations un peu importantes sur cette branche des sciences dans nos provinces. Je crus donc de mon devoir de réunir tous les documents qui devaient le constituer et d’inviter les principaux météorologistes de notre pays à me prêter leur appui à cet effet. Grâce à leur utile intervention je pus m’occuper aussi de recueillir les éléments nécessaires pour former une physique du globe dans nos provinces, travail qui manque généralement encore même dans la plupart des états les plus civilisés.
Les éléments de météorologie sont terminés ; ils forment deux volumes in-4° ; j’espère pouvoir donner bientôt le traité de physique du globe qui doit les compléter. Les documents sont réunis, mais il reste encore le travail difficile de les mettre en place et de faire ressortir les résultats principaux que présentent les nombres.
Ces travaux ont enlevé un temps précieux à mes occupations astronomiques ; mais je les ai jugés indispensables en considérant surtout l’état d’abandon scientifique dans lequel nous avait laissé la domination des différentes puissances étrangères.
Les recherches météorologiques furent d’abord faites directement par des observations régulières qui se prolongèrent pendant plusieurs années de nuit comme de jour. Les progrès de la science et de l’art permirent, en 1848, de remplacer les observateurs par des instruments qui enregistraient eux-mêmes les observations. Par ce moyen, il fut possible de continuer à obtenir d’instant en instant, jour et nuit, les indications suivantes :
(1) Ce travail a été rédigé par M. AIRY, astronome royal d’Angleterre, dans le tome XXIV des Mémoires de la Société astronomique de Londres. Une traduction française avec additions, en a été donnée par moi dans le tome XII des Annales de l’Observatoire royal de Bruxelles ; les deux aides chargés des observations étaient MM. DUNKIN et BOUVY.
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du baromètre ;
du thermomètre ;
de l’hygromètre de Saussure ;
de la force et de la direction du vent ;
de la quantité de pluie tombée.
toutes ces indications données par les instruments sont vérifiées ensuite par des observations directes, faites quatre fois par jour, à 9 heures du matin et du soir, à midi et à trois heures après midi.
Ces observations sont les suivantes :
- Celles du baromètre ;
- de différents thermomètres ;
- de l’hygromètre de Saussure ;
- du psychromètre d’August ;
- de la direction des vents, à la surface de la terre et à la hauteur des nuages ;
- de l’état du ciel, de la forme des nuages, etc.
En outre, on observe à l’heure de midi :
Les thermomètres pour la variation annuelle de température de la terre, exposés au nord, depuis la surface du sol jusqu’à 24 pieds de profondeur ;
Les thermomètres pour la variation diurne, exposés au sud, depuis la surface du sol jusqu’à 1 mètre de profondeur ;
Les thermomètres de diverses couleurs, exposés au rayonnement solaire et à 4 pieds au-dessus du jardin.
Un thermomètre envoyé par M. le comte GASPARIN, dont la boule est au centre d’une sphère creuse, d’un décimètre de diamètre.
Les thermomètres à maxima et à minima, placés à différentes hauteurs ;
La pluie tombée à quelques pieds au-dessus du sol, et celle recueillie sur le sommet de l’Observatoire.
Ces différentes indications, jointes à celles de l’état physique du globe, pourront faire comprendre l’étendue donnée aux travaux météorologiques qui occupent encore en ce moment l’Observatoire. Les observations de l’heure de midi sont si multipliées, que trois aides sont nécessaires pour pouvoir les recueillir utilement.
Physique du globe
Les travaux de la physique du globe, qui se faisaient précédemment, jour et nuit, ont été exécutés comme les travaux de la météorologie, sur une échelle moins grande à partir de 1848. On n’a pas employé d’instruments intermédiaires pour remplacer l’observation directe. Les instruments que l’on observe encore quatre fois par jour, sont les suivants :
Le magnétomètre de Gauss, pour la déclinaison ;
L’instrument d’intensité magnétique horizontale ;
L’électromètre pour les courants verticaux.
et pour l’heure de midi seulement,
L’électromètre de Peltier pour l’électricité statique.
Les observations pour le rayonnement solaire ne peuvent se faire que par un ciel découvert ; elles ont été continuées, mais d’une manière moins régulière, soit au moyen de l’actinomètre d’Herschel, soit au moyen du pyrhéliomètre de Pouillet, par mon fils et par moi. J’ai continué également, avec mes aides, l’observation des étoiles filantes, qui, depuis longtemps, occupent une place marquée dans les travaux de l’Observatoire.
Enfin, les observations sur la feuillaison, la floraison, la fructification et la chute des feuilles, sont suivies, depuis 18 ans, d’une manière très-active ; ces observations ont pris un développement considérable, surtout en Allemagne et dans toute l’Amérique du nord ; elles tendent à ouvrir une voie nouvelle qui, j’espère, ne tardera pas à se régulariser. C’est un des avantages incontestables que l’on obtiendra par la réunion scientifique de Vienne, au commencement du mois de septembre de cette année. M. FRITHSCH, dans la branche des sciences que ces recherches concernent, a bien voulu promettre de joindre ses efforts aux miens pour engager les savants des différents pays à n’adopter qu’un seul et même programme, qui nous permettra d’établir mieux les comparaisons et d’obtenir des résultats plus décisifs.
Je m’occupe maintenant, comme je l’ai dit, de rédiger avec l’aide de mon fils le travail régulier qui résumera, pour la Belgique, tous les travaux particuliers de la physique du globe en y comprenant les observations magnétiques, et qui servira de complément au traité sur la météorologie. Je m’apprête à le faire paraître avec l’aide de mon fils, et à lui donner tout le développement désirable.